Là où tu vas Voyage au pays de la mémoire qui…

L es pathologies neuro-dégénératives comme la maladie d’Alzheimer sont en augmentation, car la population vieillit. La prise en charge et le suivi de ces maladies coûtent cher aux agences de santé et les ressources sont rares. Ce constat inquiète chacun, à titre personnel, pour sa famille et pour la société dans son ensemble. Françoise Roy, infirmière de formation, accompagne les personnes souffrant de ces affections. En pratique, elle fait des visites à domicile et aide ses «clients» à affronter leur vie quotidienne. Au passage, elle offre un peu de répit aux proches aidants et sert de courroie de transmission indispensable entre le terrain et les institutions.

Françoise est aussi la compagne d’Étienne Davodeau et celui-ci avait émis le souhait depuis des années de pouvoir raconter son métier avec un album documentaire dont il a le secret. Très réticente au départ et ne souhaitant ne pas être placée dans la lumière, celle-ci a finalement cédé et a accepté que son amoureux la transforme en héroïne de bande dessinée. Le résultat de ses tractations, Là où tu vas peut s’approcher de deux manières : un livre autobiographique bicéphale et un essai sur les maladies neuro-dégénératives et leur traitement en général. Un peu comme dans Les ignorants, en plus grave, les bruits des bouchons et des verres en moins, cela va sans dire.

Alternant les chapitres où il suit Françoise lors de ses tournées ou en formation avec des scènes de discussion à la maison dans lesquelles cette dernière partage ses peurs, souligne des points de détail médicaux et précise méticuleusement ses propos, l’auteur Des mauvaises gens entraîne le lecteur au cœur d’un univers apeurant et certainement mal-connu de la majorité du public. Les pertes de mémoire, l’isolement qui s’installe, la fatigue, les cauchemars administratifs, les conséquences financières ou pratiques et, au final, le placement en EPHAD et la mort, les nombreux exemples couvrent un vaste éventail de réalités. Beaucoup d’émotions et de souffrance, mais heureusement une multitude de solutions et de conseils à suivre sont également présentés.

Dans Résidence autonomie, une problématique connexe, Éric Salch avait choisi l’humour grinçant pour faire «passer la pilule». Davodeau ne boxe évidemment pas dans cette catégorie. Il préfère laisser parler l’humanité et la générosité des différents acteurs : celles de ces maris et de ces femmes s’occupant de leur conjoint contre vent et marée et celles de ces intervenants, comme Françoise, qui se mettent inlassablement au service des malades afin de leur offrir la meilleure qualité de vie possible. Deux styles narratifs aux opposés, avec un objectif identique cependant : démystifier, expliquer et mettre en contexte des sujets difficiles qui nous touchent ou nous toucheront tous, directement ou indirectement.

Là où tu vas est publié aux éditions Futuropolis.

Moyenne des chroniqueurs
7.0