La semaine où je ne suis pas morte
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ne nouvelle semaine commence pour Juliette. Sera-t-elle différente de la précédente ? La jeune fille en doute. Elle ne va pas bien. Elle se sent vide. Elle souffre de solitude, mais ne supporte plus les autres. Elle n'arrive que difficilement à communiquer avec sa mère, tandis que l'ombre de son père décédé pèse de tout son poids sur le foyer. Au lycée, elle passe pour un ado bizarre, trop dark, originale dans le mauvais sens du terme. Et la nouvelle qu'elle a rédigée au cours de français n'arrange pas ses affaires. Elle devait imaginer le monde de 2030. Sa vision d'une planète dévastée par le dérèglement climatique où les survivants en sont réduits au cannibalisme a choqué les autres élèves. Elle est encore plus isolée.
Il n'y a qu'en forêt qu'elle retrouve un peu de sens. Elle aime s'y promener, sans but. Elle s'y abandonne à son imaginaire. Alors qu'elle pensait que ce lieu n'appartenait qu'à elle, elle y croise Jim, qui fréquente le même établissement scolaire. Ils ne se sont jamais parlé. Armé d'un carnet et d'un crayon, le garçon la prend pour modèle, avant de lui envoyer son dessin sur Instagram. En quelques traits, il a capturé toute l'étrangeté de Juliette.
Et si cette semaine était différente des autres, finalement ?
Vincent Zabus dresse le portrait sensible d'une adolescente déboussolée. Il explore son mal-être et sa difficulté à trouver sa place dans le monde. Il montre également la cruauté qui guette celles et ceux qui ne peuvent ou ne veulent se plier au conformisme social. Sortir du cadre, consciemment ou non, condamne à l'exclusion.
Porté par le graphisme tout en finesse de Sara Del Giudice, le récit se déploie progressivement. Les compositions délicates traduisent subtilement les errances de l'héroïne. L'harmonie fragile semble sans cesse sur le point de s'effondrer mais, au final, persiste. La symbiose entre le texte et le dessin est indéniable et donne naissance à une œuvre forte émouvante.
6.7
