Le grizzli 2. Une haleine de cadavre
V
irginie, la fille de Bubu, a été enlevée et les ravisseurs exigent une copieuse rançon. Ayant appartenu au milieu et évoluant désormais dans l’industrie des courses de chevaux, le daron ne peut se résoudre à appeler les poulets. Il sollicite donc l'aide du Grizzli ; le colosse a lui aussi pris ses distances avec le monde du crime pour devenir un paisible vendeur de Citroën, mais il ne sait pas dire non à un pote. Accompagné de Toine, il mène l'enquête.
Matz remplit le cahier des charges du roman noir. Dans ce polar campé dans les années 1960, les malfrats portent costard et chapeau, ont des gueules incroyables et s'expriment dans une langue colorée. Les femmes sont mignonnes et bien coiffées, elles se font aborder par des hommes qui leur disent ma petite ou poupée… et ça leur fait plaisir. Bref, côté atmosphère, il n’y a rien à redire.
Le récit, rythmé et ne présentant aucun temps mort, tend à s'étirer et à tourner en rond, jusqu'à ce que le scénariste pèse sur le champignon et dénoue l’énigme, peut-être trop rapidement et avec une certaine facilité.
Bien que les dialogues soient truculents, le lecteur se demande si le scénariste n’y est pas allé fort avec l’argot. Celui qui n'a pas fréquenté San-Antonio (ou côtoyé le milieu du crime) risque d'y perdre son latin, même si un copieux lexique est présenté en fin d'album.
Le dessin semi-caricatural de Fred Simon est particulièrement réussi avec des décors soignés restituant la Paname d'il y a un peu plus d’un demi-siècle. Un univers où il n'y a pas d'embouteillages et où l’homme et sa fiancée ont la clope au bec. Tenues vestimentaires, affichage publicitaire et bagnoles, tout respire l’authenticité. Enfin, le choix des comédiens se montre opportun et tous jouent juste, dans le registre de la parodie.
Une bande dessinée qui sent bon la nostalgie. Pas un chef-d'œuvre, mais ça fait le taf. Et pour les fans de castagne en costard, c’est du petit lait.
6.0
