Metropolia 1. Berlin 2099
B
erlin 2099. Épuisement des ressources, surpopulation, la capitale allemande est aujourd’hui une mégapole de plus de vingt millions de piétons. En effet, l’énergie est rare et seuls quelques happy few peuvent s’offrir le luxe d’utiliser des véhicules afin de se déplacer. D’ailleurs, les «miles» sont tellement convoités, qu’ils servent de monnaie d’échange. De son côté, Sasha Jäger, un détective privé indépendant, économise avec l’espoir d’aller retrouver sa fiancée exilée aux USA. Encore quelques affaires et son compte en banque sera suffisamment garni pour traverser l’Atlantique. Là, c’est Metropolia – un des consortiums le plus puissant de la ville – qui lui a confié la mission d’élucider un meurtre particulièrement spectaculaire. Malgré les innombrables caméras de sécurité, la meurtrière a réussi à disparaître du côté du Florian, un immeuble de luxe propriété de Metropolia. Suivant cette unique piste tangible, Sasha emménage dans le prestigieux bâtiment et débute son enquête…
John Difool, Rick Deckard et maintenant, Sasha Jäger, la liste des fins limiers du futur accueille un nouveau membre. Les polars – classiques, noirs ou néo- - ont toujours été des prétexte pour parler de leurs époques respectives, voir le genre «s’exporter» temporellement n’est donc pas une surprise. Pour donner forme à Metropolia, Fred Duval a fait glisser les curseurs des préoccupations environnementales au maximum et a imaginé un monde dans lequel les coûts de déplacements et de l’énergie sont totalement prohibitifs. Autre évolution notable : les IA et les blockchains font dorénavant partie de la vie de tous les jours. Ce cadre posé, le scénariste propose une intrigue policière traditionnelle, exploitant très intelligemment les paradigmes sociétaux désormais en vigueur. Quant au héros, il s’avère également très bien écrit, respectant les canons du genre, sans tomber dans la caricature ou le pastiche.
Le fond parfaitement place, le développement narratif impeccable, restait la forme. Ingo Römling (Malcolm Max, Les chroniques de l’univers), assisté de Christophe Bouchard pour les couleurs, rend une copie de très haut niveau. Sa version futuriste de Berlin est des plus convaincantes. Découpage savant et mise en scène «immersive», ces péripéties urbaines se montrent vivantes et ultra-dynamiques. L’ensemble est soutenu par un trait d’une grande finesse et d’une lisibilité sans faille, jusqu’au dernier détail.
Amateurs d’anticipation et de thriller réjouissez-vous, Berlin 2099 est une lecture prenante et impeccablement réalisée. Un excellent premier tome auto-conclusif. Vivement un autre dossier du même calibre !
7.0


