Luuna 4. Pok-Ta-Pok

Luuna est devenue en quelques années une figure emblématique des éditions Soleil au même titre que Marlysa ou Mortepierre. Le prix 9/12 ans reçu à l’occasion du festival d’Angoulême de 2003 confirme d’ailleurs un succès public croissant. Les aventures de la jolie Amérindienne font partie de la collection The Mythologic Fantasy où la qualité des dessins et la plastique des héroïnes (Atalante, Cañari et Ishanti) semblent primer sur des scénarios qui sonnent souvent creux. Bien que la fin du 3e tome ait surpris avec le meurtre d’un personnage principal, la lecture de ce quatrième volet ne se fait pas sans crainte.

Pok-Ta-Pok débute exactement là où Dans les traces de Oh-Mah-Ah se finissait. Blanc est mort et son âme se réfugie dans Wombat, l’un des trois Pipintus qui accompagnent Luuna. Privée de l’un de ses totems, l’héroïne doit traverser au plus vite les mers de sables pour trouver les sorciers qui sauront la guérir de la malédiction d’Unkui. Si le premier tiers de l’album est aussi bon et intéressant que la fin du tome précédent, le soufflé retombe rapidement dès que le jeu du Pok-Ta-Pok entre en scène et prend le dessus sur la véritable histoire, à savoir le destin de Luuna. Une fois de plus, Crisse s’éparpille et oublie la trame originelle de la série pour s’attarder sur un fait inutile, un match entre deux villages ennemis détaillé sur une quinzaine de pages. La conclusion, très confuse et dont on ne retiendra qu’un évènement lié aux Pipintus, annonce la reprise du voyage au-delà des mers du Sud.. Bref rien de très enthousiasmant hormis l’importance croissante que prennent les surprenants Pipintus et l’arrivée d’un énième personnage.

L’intérêt de la série réside encore et toujours dans le graphisme de Nicolas Kéramidas. Son trait, toujours aussi cartoonesque, gagnerait sans doute à se débarrasser de certaines proportions approximatives qui gâchent certaines cases. Il est vraiment dommage que le plus grand nombre de défauts graphiques concernent toujours l'héroïne après 4 tomes. Heureusement, tout ce qui n’est pas humain est parfaitement maîtrisé à l’instar des irrésistibles esprits de la forêt. Les couleurs de Bruno Garcia constituent également l’un des atouts majeurs de la série. En symbiose totale avec le dessin, le résultat est aussi enthousiasmant que peut l'être la couverture.

Luuna déçoit donc une fois de plus et son histoire traîne en longueur. Il nous reste à espérer que l’ultime tome de ce premier cycle saura surprendre…

Moyenne des chroniqueurs
4.5