Blizzard - Là où l'oubli commence
U
n océan sépare Susan, qui s'est installée à Londres, de sa mère, qui est restée dans l'Iowa, à Cedars Rapid. Elles entretiennent un contact quotidien par téléphone, non qu'elles aient grand-chose à se dire, mais ce rituel permet de s'assurer que tout va bien. Un jour, personne ne décroche. Susan insiste avant de contacter les services sociaux. Très vite, le couperet tombe. Hilda est tombée chez elle et, incapable de se relever, a passé la nuit sur le sol. Pire, elle montre des signes de démence.
Sans réfléchir, la jeune femme plaque tout pour prendre le premier avion. Immédiatement, elle doit se rendre à l'évidence. La personne qui est couchée dans ce lit d'hôpital la reconnaît à peine. Elle est totalement confuse. Aucun retour à la maison n'est possible. Il va falloir trouver une solution.
S'ensuivent deux mois particulièrement éprouvants. Entre le deuil de cette maman qui s'est évaporée et les méandres d'un système de santé américain inepte, il faut se résoudre à prendre des décisions douloureuses. Même si ce récit est nourri de l'expérience personnelle de l'autrice, cette dernière a fait le choix de la fiction pour ce roman graphique. Elle met en scène un alter égo, lui permettant d'installer une distance qui favorise une grande pudeur dans l'expression des sentiments sans trahir l'intime d'une famille. De fait, elle trouve le ton juste, entre souvenirs et scènes plus cocasses qui soulignent l'absurdité de cette situation, lorsque les enfants doivent prendre en charge leurs parents.
Dans un style expressif qui évoque autant Alison Bechdel que Posy Simmonds, Denise Dorrance signe un portrait sensible et juste du désarroi de ceux confrontés à la maladie d'Alzheimer chez leurs proches.
6.0
