Sprague 2. Le Marin céleste
P
opeye, le facétieux colporteur volant arrive en ville ! En plus de nombreuses babioles d’une authenticité discutable, ses racontars et autres bobards sont très appréciés par tout le monde. Il en profite également pour informer plus sérieusement les autorités et, par la même occasion, pour faire le plein de nouvelles qu’il portera dans la prochaine cité. Des espèces de plantes bleues, non des bras d’une créature mystérieuse qui étouffent tout ! Voilà ce qu’il apprend des habitants du lieu. Popeye connaît d’ailleurs ce phénomène dont il a pu apercevoir les ravages depuis son dirigeable. Le sachant un peu historien, les édiles lui demandent son avis. Il promet de fouiller ses archives. Peut-être que de telles manifestations ont été colligées dans un vieux volume de sa collection. Ses affaires faites, il repart déjà. Très rapidement, il constate que toute la région est maintenant touchée par cette inquiétante prolifération mortifère...
Rodophe et Olivier Roman ajoutent un récit indépendant à Sprague avec Le Marin Céleste. Le monde est déjà (un peu) connu et certains protagonistes du tome précédent sont de retour furtivement, le lecteur ne sera pas dépaysé. Surtout que Roman offre une nouvelle partition graphique de haut niveau, à l’encrage aussi léger que précis. Le rendu général est enthousiasmant et les très belles couleurs de Denis Béchu sont posées avec suffisamment de précaution pour ne pas estomper le délicat trait aérien du dessinateur. Riches et stimulantes, les planches sont réellement formidables à détailler.
Pour ce qui est de l’histoire, la situation est un plus contrastée. Côté positif, les amateurs de l’œuvre de Rodophe ne seront pas désarçonnés et même ravis de retrouver des éléments qu’ils apprécient certainement. En effet, le cocréateur de Kathy Austin recycle allégrement ses propres classiques afin de nourrir une trame forte en rebondissements. Par contre, celle-ci ne recèle pas de réelles surprises et ressemble pratiquement à de l’auto-citation vu le nombre d’éléments déjà vus çà et là au sein de ses travaux antérieurs. À chacun de connaître son seuil de tolérance face à cet exercice de recyclage.
Un beau et bel album à la réalisation soignée et élégante, Le Marin Céleste aurait pu être le couronnement d’une carrière exceptionnelle. Malheureusement, trop convenu et sans vrai souffle nouveau, il ne se résume qu’à une simple ligne de plus dans une immense et impressionnante bibliographie. Reste l’excellent travail d’Olivier Roman pour se consoler.
6.0
