Electric Miles 1. Wilbur
E
n tant qu’écrivain, Wilbur H. Arbogast ne peut sombrer plus bas, mais le projet divin de construire un monde où sa plume serait loi et où ses écrits conduiraient les foules ne cesse de le hanter… Toutefois, comment accéder à la destinée promise ? Peut-être pourrait-il commencer par se remettre en selle grâce à une rencontre inopportune avec un fan de la première heure, qui serait également agent littéraire…
Initié il y a quinze ans et en gestation depuis sept ans, Electric Miles est un hommage à la culture Pulp et Wilbur s’avère être une mise en bouche aussi consistante que déroutante.
À l’évidence, Fabien Nury et Brüno se sont fait plaisir ! Mélangeant comédie de mœurs, policier, anticipation et psychanalyse, les deux auteurs ont beaucoup de choses à dire, trop même. Dès lors, des choix ont dû être opérés selon une logique qui semble parfois tenir de l’expérimentation. Ainsi, Electric Miles échappe à la linéarité chronologique traditionnelle pour s’aventurer sur des sentiers narratifs pour le moins déconcertants et torturés. Quoi qu’il en soit, après plusieurs années de collaboration sur de nombreux albums, les deux amis développent une réelle complicité, l’inventivité de l’un répondant à l’imagination de l’autre. Ainsi, le graphisme épuré accompagné d’une coloration en aplats libère le lecteur qui peut dès lors se concentrer sur la complexité d’un récit dont la finalité demeure difficile à saisir.
Album hors des codes, véritable exercice de style capitalisant sur l’expérience de ces auteurs, Electric Miles s’apparente, à ce stade, à une mise en abîme du processus démiurgique de création et des névroses qui l’accompagnent (ou le précèdent). Si le contexte et les protagonistes sont posés, il est toutefois difficile de savoir vraiment où le duo veut emmener ses lecteurs. À suivre donc, ne serait-ce que par simple curiosité !
7.8
