Les contes de la Pieuvre 4. Fannie la Renoueuse

Dans un Paris de la toute fin du XIXe siècle, la Pieuvre a étendu ses tentacules partout. Sa direction quadricéphale mène ses affaires d'une main de fer. Mais à trop se penser intouchable, elle déclenche des inimitiés. C'est notamment le cas lorsqu'elle kidnappe Fanny, une renoueuse dont le frère Anatole, un dur à cuir, va tout mettre en œuvre pour la récupérer. Accompagné de ses amis auvergnats, ce talent risque de causer quelques soucis à l'organisation. Au point de la faire vaciller ?

Retrouver la Bouche, le Nez, l'Œil, l'Oreille et tous leurs comparses possède une saveur particulière. En trois albums, Stéphane Gess a su construire un univers foisonnant, original et pourtant familier. Si les ingrédients sont les mêmes, pas de recette toute faite. L'auteur se renouvelle pour offrir un mets à la saveur encore une fois remarquable. Graphiquement tout d'abord, le dessinateur fait preuve d'une maîtrise impressionnante. Que ce soit dans son trait, caractéristique, ou dans sa mise en scène, l'artiste fait la démonstration de tout son talent. Il varie les décors, les époques et les mises en page sans perdre en efficacité, bien au contraire. Ses compositions épousent à merveille le rythme des séquences qu'il déroule. Et la fluidité reste constante, quelque soit la scène proposée.

En gardant l'ambition littéraire qui a fait le succès des premiers opus, l'auteur continue de proposer une histoire riche et prenante. Il faut dire ici que la construction de son intrigue est ingénieuse. En la découpant en courts chapitres tout d'abord, il la fait rebondir sans cesse, ouvre des pistes, en ferme d'autres et apporte nombre de réponses. De plus, il tisse plusieurs fils qui se rejoignent rapidement. Gess en profite surtout pour étoffer encore son univers. En revenant sur le passé de La Bouche et celui de sa fille Zélie, mais aussi en dévoilant les secrets du garde du corps du chef, Pluton-Sevius Novus, ou en semant les graines des guerres qui attendent la Pieuvre, il montre que son inspiration n'est pas prête de se tarir et qu'il a encore énormément de choses à raconter.

Si l'attente a pu paraître longue depuis Célestin et le cœur de Vendrezanne, elle en valait largement la chandelle. Ce Fanny la Renoueuse démontre un peu plus que Gess a su créer un cadre dense, envoûtant et mystérieux. Surtout, il confirme qu'avec Les contes de la Pieuvre, il construit l'une des meilleures séries de ces dernières années. De quoi patienter pour retrouver les talents de conteur de l'auteur dans le cinquième opus.

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Moyenne des chroniqueurs
8.5