Blake et Mortimer (Les Aventures de) 30. Signé Olrik

O lrik solidement embastillé à la prison de Wandsworth, l’Empire peut enfin dormir tranquille. Que nenni, c’était sans compter sur The Free Cornwall Group, un groupe nationaliste aigri. En effet, les capacités hors normes du génie du crime intéressent ces militants extrémistes afin de réaliser leur quête folle. Le capitaine Blake est évidemment aux aguets et est prêt à employer toute sa sagacité pour protéger la Nation. Quant au professeur Mortimer, il est sur le point de présenter sa dernière création appelée à révolutionner et redynamiser une industrie minière sur le déclin. À la veille du dévoilement de ce véhicule épatant, tous les regards se tournent vers les Cornouailles, son sous-sol et son passé, tout spécialement.

La parution de Signé Olrik a pris une signification toute différente à l’annonce la disparition d’André Juillard. Immense artiste à la bibliographie riche et variée, le dessinateur aura mené sa carrière brillante jusqu’à la fin. Élégance, professionnalisme et un souci permanent pour les petits détails qui font la différence, son choix de participer à la reprise «all-star» des aventures de Blake et Mortimer avait d’abord surpris, mais immédiatement conquis les suffrages par sa qualité et sa sincérité. Merci André pour ces centaines de planches et ces innombrables heures de lectures. Aucun bédéphile ne t’oubliera.

Intrigue classique dans la veine de La Malédiction des trente deniers ou Le testament de Willam S., Signé Olrik tente, avec pas mal de maladresse, d’intégrer des éléments contemporains à une trame et des manières fermement ancrées dans un passé plus fantasmé que réaliste. Les enjeux sont minimaux, la nouveauté technologique indigne et les coups de théâtre aussi téléphonés que prévisibles. Le scénariste semble être resté coincé dans les ornières et les (mauvaises) habitudes d’une série de plus en plus déconnectée avec son époque. Pourtant, des titres comme Le dernier Espadon ou Le bâton de Plutarque, voire Le serment des cinq lords, avaient démontré qu’il était possible de proposer des récits palpitants tout en respectant les canons obligés. Dans le cas présent et en très résumé, il s’agit d’un passage à vide guère passionnant dramatiquement. Pour se consoler (un peu), les nombreuses scènes mettant de l’avant les Cornouailles, ses légendes et ses falaises saillantes tombant sur l’océan confèrent une réelle identité et ce qu’il faut de ressenti à cet ouvrage en demi-teinte.

Album à la saveur douce-amer du fait des circonstances, Signé Olrik est néanmoins à sauver grâce à l’excellent travail visuel d’André Juillard. Pour le reste, il s’agit d’une petite affaire assez mal fagotée reposant sur des ficelles fatiguées et déjà vues ou lues mille fois.

Moyenne des chroniqueurs
6.0