Les vieux fourneaux 8. Graines de voyous
L
e théâtre itinérant du Loup en slip fête ses soixante ans. Alors quoi de plus normal que de célébrer cet anniversaire, quitte à faire resurgir incidemment quelques voyouteries englouties... Les vieux cons furent d’abord de jeunes imbéciles !
Huitième opus de la triplette des désormais octogénaires qui, malgré le temps, ne prennent pas une ride.
S’il est fait exception de l’exercice d’autopromotion du Loup en slip qui, somme toute, reste dans le fil de l’histoire générale, il convient de reconnaître que ce dernier volet cultive ses fondamentaux et remet l’église au centre du village ! Depuis Celui qui part, les principaux protagonistes et leur psychologie sont cernés, les ressorts narratifs sont connus et dès lors, Wilfrid Lupano fait vivre cette cohorte d’idéal-types au travers de récits qui relèvent du choral autant que du vaudeville face à certaines absurdités de la vie moderne… Avec Graines de voyous, il revient à Montcoeur et développe une histoire à tiroirs qui ferait croire que, finalement, le bonheur est bien dans le pré !
Alors oui, la petite localité du Tarn-et-Garonne peut faire figure de « village gaulois » - en évitant toutefois de singer - elle s'entretient plaisamment dans une forme d'insouciance d'un autre temps. Visiblement, Wilfrid Lupano aime ses personnages et possède l’art et la manière de faire passer les choses simples, mais parfois graves, sans les surjouer tout en égratignant au passage quelques-uns de nos travers. En cela, il est grandement aidé par Paul Cauuet et Jérôme Maffre qui réalisent un sans-faute tant ils maitrisent maintenant les codes graphiques de leur petit monde.
Graines de voyous cultive la nostalgie d’une certaine ruralité made in France qui se fout sur la gueule le dimanche après-midi au sujet d'un essai litigieux pour se réconcilier le soir venu à la Chope, le dernier bar du coin ! Probablement un rien réducteur, mais cela est l'occasion d'une vraie BD de divertissement qui, l’espace de cinquante-quatre planches, permet d’oublier la morosité ambiante… Une vraie madeleine !
Nota : cette chronique est accessible sans QR code !
7.3