Habemus Bastard 2. Un cœur sous une soutane
T
on légèrement décalé, personnages soulignés à gros traits, dialogues bien sentis et intrigue légère, la table posée dans L’Être nécessaire , le premier tome d’Habemus Bastard, annonçait un final haut en couleurs. Un cœur dans la soutane ne déçoit pas. Un petit twist redistribuant à peine les comment et les pourquoi et hop, c’est parti pour une série de confrontations sentant plus la poudre que l’encens.
Série noire, humour et amoralité.
Jacky Schwartzmann et Sylvain Vallée s’en sont tenus à leur programme initial et n’ont pas dévié d’un iota. Pour ce qui est des protagonistes, ils se limitent aux stéréotypes classiques, et seul Lucien, l’antihéros, se voit doté d’un petit fond psychologique. Non pas que sa couverture le change réellement ou qu’il finisse par entrevoir la lumière ou le salut. Il s’agit dès le départ d’un homme intelligent et il a simplement suffisamment de jugeote pour s’adapter à sa nouvelle situation et y trouver son intérêt.
Pour le fond, les amateurs de la collection créée il y a bien longtemps par Marcel Duhamel ne seront pas dépaysés. Ici, malgré le cadre saint et les soutanes, ce sont les truands qui mènent la danse et la fin justifie les moyens. Ajoutez une note de modernité avec une dose de mauvais esprit le plus jouissif et vous obtenez un récit corrosif totalement gratuit et particulièrement enlevé. Il n’est pas question d’anticléricalisme ou de faire passer un quelconque message politique. Habemus Bastard s’avère juste être une histoire de gendarmes et de voleurs, racontée en mode bête et méchant, sans trop se soucier de cohérence ou de vraisemblance. Et ça marche très bien.
Au niveau des regrets, la disparition quasi-totale de certains rôles secondaires intéressants, telle la jeune Eva, par exemple, est à relever. Également un peu nébuleux, la taille du marché de la drogue de Saint-Claude et sa rentabilité impressionnante restent des mystères, surtout pour une ville comptant moins de neuf mille habitants. Rien de très grave, à peine des irritants, mais qui se font remarquer.
Gouaille de tous les instants, sourires en coin, mise en page dynamique et juste ce qu’il faut d’exagération graphique si nécessaire, Habemus Bastard rassemble tous les éléments du roman populaire acide et outrancier comme il faut.
6.5