Les contes du Marylène 6. Henry, James et les autres
A
u coin du feu, une horloge gravée de l’inscription Souviens-toi surplombe la cheminée. Au palais, James et Henry se replongent dans leurs souvenirs. Ils abordent la dictature Von Krantz et l’arrivée d’Aglaé, enceinte, au cirque Kite. Henry revient sur l’asservissement des chevaux, se rappelle qu’il a eu le courage de décider de sa propre destinée et s’est mis à danser la valse. De son côté, James mentionne les choix cornéliens qu’il a dû faire, il évoque sa relation avec la Reine et le chamboulement provoqué par l’arrivée de Simone. Les deux amis dissertent également sur la bière qui rend fou et les magnifiques créatures que sont les Douk-Douk.
Cela fait une quinzaine d’années qu’Anne Simon peaufine le monde du Marylène, empli d’une multitude de personnages. Comme les précédents, ce tome peut se lire indépendamment des autres - c’est d’ailleurs souligné avant le début du récit. La force de cet opus réside dans sa structure. Un lecteur novice peut tout à fait l’apprécier en découvrant les multiples facettes de cet univers. En lui proposant une entrée immersive, la curiosité est piquée au vif. Quant au familier de l'œuvre, il découvre de nouvelles clés de lecture. Les ellipses lui offrent un œil neuf, permettant de faire le lien entre l’ensemble des derniers tomes et de mieux cerner le rôle et les motivations de certains protagonistes.
Anne Simon a réussi à créer un monde à part, donnant vie à une galerie de personnages uniques, que ce soit l’enfant patate, l’homme chat, l’homme caillou ou encore les frites guerrières. Le lecteur pourrait avoir du mal à s’identifier, pourtant, Les contes du Marylène résonnent. L’autrice parvient à intégrer avec finesse des problématiques politiques, philosophiques, sociétales et féministes, rendant son propos accessible. Le ton n’est jamais trop lourd, ni insistant. S’appuyant astucieusement sur l’humour noir et la poésie, le résultat est une réelle satyre de la société actuelle. La bédéiste jongle habilement entre un découpage maîtrisé, des pleines planches et des pages du journal de Simone. Le tout est assorti d'un trait caractéristique, un dessin fin et - plus que d’habitude - de la couleur qui vient accentuer l’expressivité des visages.
Avec ce sixième volume, Anne Simon continue de subjuguer par la richesse de sa fable qui bouscule et réveille l’imaginaire ! Des pistes sur les prochains univers, comme la découverte du continent sororien, sont apparues… à suivre !
8.0