La véritable histoire du Far West 6. Calamity Jane

T out a été dit sur Calamity Jane. Mais qu’en est-il des faits ? La collection La véritable histoire du Far West se donne pour mission de les rétablir. Dans ce sixième volume, la série présente une femme affirmée, qui a su s’imposer dans un monde masculin et écrire sa propre légende.

Marie Bardiaux-Vaïente situe son récit à Deadwood, en 1876, alors que le personnage a vingt-quatre ans. Elle y met en scène une dame faisant fi des conventions : elle boit, fraternise avec les noirs et n’hésite pas à lever le ton. Habile à raconter et enjoliver ses aventures, elle construit son mythe. Le propos est d’ailleurs entrecoupé de segments tirés d’un passé plus ou moins fabulé où elle s’enrôle dans l’armée, affronte les Amérindiens et combat les desperados. En contrepoint à ces faits d’armes, l’autrice oppose la cruelle réalité d’une héroïne réduite à passer le balai dans un bordel.

Calamity Jane constitue davantage un portrait qu’une biographie. La scénariste s’attarde sur une période donnée, sans s’intéresser à la deuxième moitié de sa vie. La représentation se veut celle d’une femme libre n’ayant peur de rien et surtout pas du regard des autres. Il demeure du reste étonnant qu’on ne l’ait pas érigée en icône protoféministe.

Gaëlle Hersent propose un dessin semi-réaliste relativement sommaire. Bien qu’elles soient rapidement exécutées, les illustrations suffisent pour situer l’action et démontrer les émotions animant les acteurs. Astuce graphique intéressante, les exploits passés de la protagoniste sont présentés comme de vieux illustrés pixélisés, semblables à ceux publiés de son vivant.

L’album se complète d’un excellent dossier de sept pages, signé Farid Ameur de l’université Paris I. Son analyse, complémentaire à la bande dessinée, éclaire les zones d’ombre, questionne la légende (notamment les célèbres Lettres à sa fille) et explique le contexte social de l’époque.

Bien que l’histoire soit sympathique, le lecteur apprend finalement peu de choses. Peut-être est-ce parce que le personnage a déjà abondamment inspiré les bédéistes.

Moyenne des chroniqueurs
6.0