Deux tueurs Deux tueurs suivi de Mickey Mickey
L
es éditions Delcourt regroupent une paire de polars signés Michel Pirus au texte et Mezzo au dessin. Des histoires à la fois différentes et similaires. Dans la première, Deux tueurs, un vieux routier et une recrue sont en route pour remplir un contrat. Ils se houspillent, en viennent aux coups et la mission dérape. Le second volet, Mickey Mickey, présente un cambriolage raté, lequel se termine en prise d’otages ; les relations entre les délinquants et leurs prisonniers apparaissent tendues, et parfois ambiguës.
Deux scénarios, deux intrigues, deux galeries de personnages, mais un seul esprit, celui du huis clos. La quasi-unité de lieu, à laquelle s’ajoute celle du temps, suggère le théâtre. L’adaptation de la narration rappelle également cet art où l’essentiel se fonde sur les joutes verbales.
Bien que l’action se déroule vers la fin du XXe siècle, le ton renvoie au roman noir des années 1950 : univers violent, regard tragique sur la société, un peu d’argot, sans oublier la descente aux enfers des truands. Cela dit, alors que ce sous-genre littéraire est habituellement urbain, l’auteur tend à isoler ses protagonistes.
L’artiste propose un trait réaliste reposant essentiellement sur de gros plans de visages. Le jeu des acteurs, oscillant entre la colère et la souffrance, se montre limité, mais c’est le style du projet qui impose ce registre. Les décors sont relativement sommaires, sans que cela s’avère problématique.
Alors que les albums étaient en noir et blanc, cette réédition se distingue par sa mise en couleurs. Afin de ne pas trahir l'essence de ces bandes dessinées, Ruby mise généralement sur des teintes foncées et préserve les larges aplats noirs de la version originale. Le résultat évoque incontestablement la ligne claire. Certaines planches, aux pigments acidulés, contrastent de façon surprenante avec l’ensemble.
Enfin, le travail d’édition est réussi : agréable format carré, papier de qualité et impression impeccable, laquelle rend parfaitement la profondeur des noirs.
Deux bons polars, qui, avec leur mélange de violence, de tension et de vague à l’âme, remplissent parfaitement le cahier des charges.
7.0