Le seigneur d'ombre 3. Les gardes pourpres

C 'est une époque sombre pour le monde du Dyfed. Fedath, le Seigneur d'Ombre, poursuit son insatiable quête du pouvoir. Il a rassemblé une armée d'orcs et de bannsheen, qu'il envoie à l'assaut du Mont Saint Ange, où les gardes pourpres veillent sur Talandar, l'épée légendaire. Pour Bran, dernier survivant de l'ordre des Ravenfeld et seul être capable de contrer Fedath, l'heure est venue de se séparer de ses compagnons et d'accomplir son destin…

Le Seigneur d'ombre est la seconde saga co-signée par Jean-Luc Istin et Dim D : avant cela, il y avait eu Aleph, un triptyque de science-fiction paru aux éditions Nucléa. En changeant de série, Dim D a également changé radicalement de technique graphique. Le Seigneur d'Ombre, entièrement composé en numérique, fait entrer la bande dessinée dans l'âge des effets spéciaux. Ici, ce ne sont pas seulement les couleurs qui sont informatiques, mais les matières, les décors, les arrière-plans… et jusqu'aux visages de certains personnages, comme Cathaar le chef des gardes pourpres, parfait sosie de Viggo Mortensen (Aragorn dans le film Le Seigneur des Anneaux réalisé par Peter Jackson). A ce niveau de photoréalisme, on ne sait plus vraiment distinguer la part de dessin et de transformation informatique de photographies dans les vignettes.
Cette technique permet sans conteste à Dim D d'atteindre un niveau de détails tout à fait inhabituel pour les décors : jamais les murs, tapis et autres moucharabiehs n'ont été aussi précis dans une bande dessinée.
Est-ce un progrès ? Pas forcément. D'abord, parce que le niveau de précision des décors n'est pas toujours homogène, pas même au sein d'une même vignette : p.25, une case en plongée juxtapose un dallage à motif géométrique qui reste précis jusqu'à perte de vue avec des murs assez flous, à la limite du pixellisé. Cette case est doublement fausse : à la fois trop précise dans sa représentation du sol (l'œil humain ne peut former une image simultanément précise sur le proche et sur le distant) et trop vaporeuse sur le reste.
De même, si la représentation des armées en marche (p.11) enflamme l'imagination, à d'autres endroits (pp.22 et 23) on repère trop facilement que la foule est formée de la répétition du même groupe de trois femmes, figées dans une immuable pose sur presque dix cases.

D'un autre côté, parfois cela fonctionne, et alors c'est du grand spectacle. La découverte de l'armée de Fedath (p. 5) est impressionnante, de même que les panoramiques des pages 46 et 47.

Au-delà du divertissement que peut susciter cette saga héroïco-mystique, le lecteur pourra s'amuser à repérer les nombreux clins d'œil cinématographiques ou littéraires dont ce livre est rempli. Pêle-mêle, entre les références à Tolkien ou au Nouveau Testament, on remarque les influences de Star Wars (Akmet ab Thelem avachi sur un monticule de coussins et entouré d'esclaves à demi nues… c'est Jabba the Huth ! Impression confirmée par une remarque considérant que Bran est "Juste de la chair à Sériaki"), de Dune (les yeux de Bran qui luisent comme ceux d'un Fremen), d'Excalibur… et peut-être même celle des Chroniques des guerres de Lodoss. Bref, le Seigneur d'ombre réjouira avant tout les adeptes d'heroic fantasy.

Moyenne des chroniqueurs
4.0