Les envahichieurs Les Envahichieurs

E ntre les catastrophes naturelles, la crise climatique et le dernier scandale du moment, l’arrivée d’extraterrestres est presque passée inaperçue. Bon gré, mal gré, les chaînes d’info en continu se sont quand même intéressées à ces visiteurs venus du cosmos. L’affaire est même devenue «bankable» quand ceux-ci se sont révélé être des migrants galactiques obligés de fuir une planète ravagée par leur cupidité et leur aveuglement face à la destruction de l’environnement. De plus, ils ont message clair : ne faites pas les mêmes erreurs que nous sur la Terre ! Bon, une page de publicité et, ensuite, les résultats du sport et la météo.

Satire façon Robert Sheckley ou Déni cosmique (le film d’Adam McKay, sorti en 2021), Les Envahichieurs de Marc Dubuisson égratigne et dézingue la sphère médiatique et politique en soulignant également notre rôle dans l’état du monde. Le sujet est à la mode et les réactions toujours les mêmes, malheureusement. Organisé en gags en une planche, le récit passe en revue les tribulations d’une poignée d’ET à tentacules pour avertir les humains de leur fin prochaine. «Analystes» télé en roue libre, élus plus motivés à gagner des points de sondage qu’à agir, populations aveuglées par les écrans, chaque tentative se finit évidemment en échecs retentissants. Pourtant, contrairement à ce que pensait Fox Mulder, la vérité est juste devant nous et pas ailleurs.

Dessins minimalistes, mais extrêmement communicatifs et amusants, mise en scène suivant la même voie, l’auteur du Le président est une noix de coco propose un traitement graphique pas moins dans l’air du temps et très calibré réseaux sociaux. Heureusement, cette simplicité du trait n’empêche pas la variété. Sans compter que le dessinateur multiplie les caricatures, les références et les clins d’œil à des personnalités connues rendant ainsi la lecture très vivante.

Rigolo, plein d’esprit et très (trop ?) classique, Les Envahichieurs débarque dans un domaine – l’humour sociétal grinçant – déjà très encombré et s’intéresse à un thème, certes important, plus que régulièrement abordé, le tout sans vraiment se démarquer. Reste à espérer qu'il aura plus de succès que ses héros venus de l’au-delà.

Moyenne des chroniqueurs
6.0