Lieutenant Bertillon 1. Amotken

U n incendie fait une victime dans le parc à caravanes de la fête foraine. Le lieutenant Bertillon est envoyé sur place afin d’évaluer la situation. Accident malheureux ou homicide maquillé ? Sa tâche n’est pas facilité par l’attitude des forains. Monde fermé s’il en, ceux-ci ne sont pas très chauds pour collaborer ou ne serait-ce que répondre aux questions du policier. Pourtant, très rapidement, le pandore soulève plusieurs lièvres suggérant la piste criminelle. De plus, des lèvres commencent à s’ouvrir, même si la loi du silence reste la règle au sein de ce microcosme aux règles très rigides…

Sur le papier et durant la première partie de l’album, Amotken ressemble beaucoup à n’importe quel polar. Un enquêteur débarque dans un univers fermé, cherche des indices et tente de comprendre à qui il a affaire. L’approche est classique et démarre promptement jusqu’à ce que l’histoire change du tout au tout et se transforme en une sorte de conte légendaire passablement embrouillé. Cyrille Pomès et Carine Barth essayent certainement de donner un peu d’ampleur et d’originalité à leur scénario, personne ne va s’en plaindre. Par contre, dans la manœuvre, ils perdent de vue leur héros qui devient pratiquement invisible. Quant au nouveau cadre, il peine à convaincre tant il sort de nulle part et semble totalement déconnecté du début du récit. Résultat, sans réelles bases sur lesquelles s’appuyer, la narration sombre dans le nébuleux et finit par s’avérer bien peu engageante sur la longueur.

Aux pinceaux, Pomès rend une copie des plus agréables. Le découpage, en particulier, se montre très original. En effet, le dessinateur a décidé de faire varier la distance entre l’action et la caméra. Ce choix de mise en scène installe une ambiance particulière. Le lecteur est un observateur à un instant donné et presque partie prenante à un autre. Variation de la profondeur de champ, gros plans et angles de vue audacieux, etc., la variété et l’efficacité de la construction est impressionnante et ludique à la fois, sans jamais se faire au détriment de la lisibilité.

Lieux, enjeux, personnages et direction mal définis font de ce premier tome des Enquêtes du lieutenant Bertillon une déception. La légèreté et la finesse des illustrations dont fait preuve Cyrille Pomès n’arrivent malheureusement pas à changer la donne. Espérons que la suite des évènements sera plus percutante et mieux incarnée.

Moyenne des chroniqueurs
5.0