Speranza 1. D'or et d'ivoire

U ne jeune journaliste, Iris Speranza, est mandatée pour enquêter sur le trafic d’ivoire en Tanzanie. L’émule de Jeannette Pointu n’a pas froid aux yeux et elle débusque rapidement un réseau de trafiquants d’or blanc et jaune.

Éric Corbeyran et Achille Braquelaire, lesquels ont naguère collaboré sur Imago Mundi, renouent pour signer une nouvelle dynamique où pullulent les scènes d’action et les rebondissements. Le duo ratisse large et le scénario se cherche un brin. À la lecture des premières planches, tout porte à croire que le sujet serait l’exploitation des éléphants par les braconniers. Les auteurs délaissent toutefois le polar écologique pour adopter un point de vue beaucoup plus macro en portant leur regard sur le crime organisé international. Ils se désintéressent alors du sort des bêtes, de même que de celui de leurs tortionnaires, qui sont les victimes de bandits exploitant leur dénuement.

L’épisode s'attarde au rôle des correspondants et à l’éthique propre à cette profession. Le propos aurait pu s’avérer intéressant, mais une fois que l’héroïne reconnaît ses multiples accrocs aux règles, elle et son patron s’entendent, un peu simplement, pour conclure que la fin justifie les moyens.

De nombreux autres segments didactiques alourdissent la narration. Ainsi, sans être inintéressants, le rappel de l’histoire de Zanzibar ou les considérations sur le viol comme arme en temps de guerre apparaissent comme des parenthèses entravant la fluidité de l’ensemble.

La protagoniste est engagée et sensible à tout ce qu’elle découvre. Ses réflexions, pleines de bonnes intentions, sont cependant convenues et n’ont pas le mordant de celles du Tueur.

Le dessin réaliste de Salaheddine Basti remplit son mandat. Les décors se montrent souvent simples, quoique suffisamment élaborés pour expliquer le contexte. Les personnages affichent pour leur part un air figé et dépourvu d’émotions.

Quelques maladresses d’édition notées au passage : une note écrite en noir sur gris foncé (page 5, case 6) ou des phylactères dans le désordre (page 22, case 4).

Un récit d’aventures sous les tropiques, un peu plombé par la volonté d'être didactique.

Moyenne des chroniqueurs
5.0