La seconde guerre mondiale en BD
L
a Seconde Guerre mondiale racontée en vingt chapitres et deux cents cinquante pages, c’est le projet un peu fou que proposent Arnaud de la Croix et Vicente Cifuentes. L’entreprise est ambitieuse, voire impossible vue la richesse du sujet. Les auteurs ont néanmoins relevé le défi et ont réussi, globalement, à résumer cette tragédie. Le résultat n’est logiquement pas exhaustif, ce n’était pas le but. Cependant, il offre la possibilité aux néophytes ou aux curieux de se faire une première idée de quelques tenants et aboutissants de ces années noires.
Les guerres sont immanquablement la résultante d’une succession de crises et de tensions s’inscrivant sur une longue durée. Prenant en compte cette réalité, le scénariste a fait intelligemment débuter son exposé bien avant 1939. Adolf Hitler et le nazisme ne sont pas apparus et n’ont pas prospéré tout seuls, comme par magie. Les problèmes économiques, l’antisémitisme endémique, les rancœurs nées du traité de Versailles et les ambitions géopolitiques des différentes nations du globe ont tous servi, à un niveau ou un autre, de ferment favorable à l’émergence du Troisième Reich. L’attentisme de la France et du Royaume Uni associé à la signature du pacte germano-soviétique avec Staline n’auront que facilité la tâche et encouragé le Fürher dans son désir fou et criminel de dominer l’Europe. Cet implacable et terrifiant mécanisme - les principales étapes en tout cas - est méticuleusement décrit et mis en contexte dans la première partie de l’album. C’est également le cas pour la suite des évènements. Piochant ici et là dans le cours du conflit, Arnaud de la Croix a choisi et mis en avant quelques épisodes-clefs, révélateurs ou significatifs. Certains sont très connus. Il aurait été impensable de faire l’impasse sur le procès de Nuremberg ou les bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki, par exemple. D’autres, un peu oubliés ou secondaires, comme la bataille de Khalkhin Gol, l’influence d’Édouard VIII ou le rôle discutable de Charles Lindhberg dans l’implication de USA, apportent d’autres éclairages et clefs de compréhensions intéressantes et passionnantes.
La documentation est énorme, la liste des personnages et des faits sans fin. Vicente Cifuentes s’est plongé au cœur de cet océan d’images et de témoignages afin d’en tirer une narration cohérente et lisible. Se reposant souvent sur des clichés devenus iconiques que les connaisseurs reconnaîtront immédiatement, force de constater qu’il est parvenu à dresser un portrait très parlant de ce théâtre à grandeur planétaire. Trait ultra-réaliste, découpage très figé, la lecture ne souffre heureusement pas trop de ce déferlement d’informations et de figures historiques.
Entre documentaire classique et florilège synthétique, La Seconde Guerre Mondiale en BD n’est évidemment pas l’ouvrage définitif de ce sujet. D’un autre côté, son accessibilité et la rigueur de sa réalisation permettent au lecteur de mieux appréhender différents aspects de cet épisode majeur de l’histoire contemporaine. Un très bel exercice de vulgarisation.
6.0