Marshal Bass 11. Putain de fric

L ’argent ne fait pas le bonheur ! Il n’y a que les riches pour proférer une telle ineptie car lorsqu'il vient à manquer, difficile de finir les fins de mois dans allégresse. Sur la question Bathseba en connait un rayon, elle qui doit faire tourner la boutique !

Le duo Macan-Kordeuy poursuit une collaboration qui, en dix albums, a fait de Marshal Bass une référence en la matière.

Au-delà de tout ce qui a pu être déjà dit, cette série se singularise par la manière d’aborder l’Ouest lointain, par la petite porte. Celle de cette foule d’anonymes miséreux prêts à trucider son prochain, pour une poignée billets, un repas de misère ou un regard de travers. En ces lieux, les homme comme River font figure d’anges, mais le « Mal » comme le « Bien » sont des notions toutes relatives, qui varient au gré des circonstances sans que personne ne s’en offusque vraiment. Le talent de Darko Macan est donc de raconter, sans aucune concession, un Ouest loin de la propagande hollywoodienne. Sur Putain de fric, le fond est désormais plus intimiste. Depuis la mort du général Helena, River doit composer avec les nécessités de la vie quotidienne et, accessoirement, nourrir sa famille. Bathseba aussi ! Un même problème, deux récits en un... Avec un fatalisme, teinté de sadisme, mais où subsiste, parfois, quelques traces d’empathie, le scénariste croate n’a de cesse de tourmenter ses héros à travers ce que l’humanité a de plus scabreux ou pervers et à les projeter dans un avenir fait de désillusions, de poussière, de sang et de pleurs. Comme cela, a aussi été dit, Igor Kordey semble toujours autant se délecter d’un tel récit. Au gré d’une pagination aérée, souvent sur six vignettes, rarement plus, il sait donner toute sa densité ainsi que toute sa noirceur aux pérégrinations d’un Bass qui aspire à un avenir meilleur mais qui ne peut s’extraire du monde de misère où il fraye en maître.

Si ce dernier album se joue sur le registre du cercle familial, tel en son temps Los Lobos, il n’en oublie pas pour autant ses fondamentaux qui vous feraient douter que des lendemains puissent être radieux et heureux !

Moyenne des chroniqueurs
7.0

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