Sémaphore

C ’est avec émotion que Serge retrouve la petite cité balnéaire où il a passé son enfance. Il est ici pour faire ranimer le peu de souvenirs de la jeunesse de son père, décédé depuis peu, et avec lequel il n’a pas pris le temps de parler. En allant chez le notaire, il hérite d’une petite boîte contenant quelques lettres et des photos de son père en compagnie de ses amis de l’époque. Pourquoi celui-ci a-t-il tant tenu à lui léguer ainsi une partie de ses instants ? Que s’est-il déroulé de si remarquable en cette année 1964 et qu’est devenu Héloïse auquel le père de Serge tenait tant ? C’est ce que va tenter de découvrir le jeune homme, une enquête qui va l’amener à rencontrer Mathilde, la fille d’Héloïse.

Sémaphore est la première œuvre d’un couple de jeunes auteurs, Sandrine et Christophe Bon et on peut saluer l’initiative des éditions Paquet de leur avoir fait confiance sur un livre de ce format. Cette histoire traitant de sujets graves comme la mort et la folie a de quoi surprendre. L’atmosphère lancinante qui pèse sur le début du récit contribue à le rendre attrayant et retient l’attention du lecteur. Christophe Bon a pris le parti de ne pas distiller les indices au compte-gouttes comme on aurait pu s’y attendre, mais plutôt de nous faire découvrir la vérité en laissant ses personnages la raconter. Méthode efficace certes, mais qui laisse un peu sur sa faim dans le suivi de l’intrigue, surtout qu’elle enchaîne dans la seconde partie sur un traitement assez sanglant et moins réaliste, les situations paraissant parfois assez improbables.

Pourtant on se laisse accrocher à la narration et l’ambiance aidant, on a hâte de découvrir ce qui se cache sous le passé trouble du père de Serge et de ses amis, et on peut louer les auteurs d’avoir réussi à traiter l’histoire en un récit complet. Le dessin lourd et épais n’y est pas étranger. Si l’on fait abstraction des visages aux bouches souvent figées et des quelques grandes cases peu fournies, la mise en couleur est réussie et concorde bien avec les lieux et l’époque décrits.

Sémaphore est donc un album bien rythmé et prometteur, qui a tout à fait sa place dans Blandice, la collection de one-shots à l'impression soignée de chez Paquet.

Moyenne des chroniqueurs
4.8