Kamasutra - De chair et de sang

B elle et cruelle, la reine écarlate règne sur une parcelle de la jungle indienne. Chaque nuit, un amant lui est livré et s'il ne la satisfait pas... couic. Disons qu'elle a du mal à gérer ses déceptions. L'esclave Basvaraj est désirable. La despote le remarque et le convoque dans sa couche trois semaines plus tard. Coup de pot, il croise Vatsyayana, l'auteur du Kamasutra. Sur les conseils du vieillard, le héros lit attentivement le mode d’emploi, s’initie au yoga, fait des exercices et mange sainement. Avec un peu de chance et de doigté, il saura prendre soin de la dame. Bien que le bellâtre ait vu son peuple décimé par la souveraine, il n’hésite pas à mettre tout son cœur à l’ouvrage.

Le scénariste Sudeep Menon propose un drame policito-érotique logé en Inde, au cœur du troisième siècle. Dans cette société féodale, atomisée et peu structurée, une multitude de petits rois se font la guerre pour accroître leur pouvoir, lequel s’exprime par la conquête du territoire, la destruction de l’armée adverse, la domination des prisonniers et la possession des corps.

Dans ce récit, les sentiments sont exacerbés, l’amour côtoie la haine ; la confiance peut faire place à la trahison et la vengeance à la réconciliation. Pour tout dire, les intentions ne sont jamais vraiment claires dans ce monde dominé par les passions.

Les scènes coquines sont évidemment au rendez-vous ; l'auteur a toutefois su bien les doser. L’album demeure, du reste, plus érotique que pornographique, même si son titre laisse entendre que le contenu pourrait être sulfureux.

L’Italienne Laura Zuccheri contribue au projet avec un dessin réaliste très réussi. Ses illustrations rappellent le travail de Jean-François Charles (India Dreams) ou d’Ana Mirallès (Djinn), lesquels explorent des thématiques semblables, elles aussi dans des lieux exotiques. Les femmes et les hommes sont beaux comme des déesses et des dieux ; le jeu des acteurs apparaît cependant inégal. Les séquences d’action, sur le champ de bataille comme au lit, sont rendues avec beaucoup de dynamisme et d’entrain. Enfin, l’artiste, s’est montrée généreuse dans la réalisation des décors.

Un agréable récit d’aventure et d’aventures.

Moyenne des chroniqueurs
6.5