Le dernier vol
B
arcelone, 23 mars 2015. Différentes personnes s'apprêtent à prendre un vol pour Düsseldorf. Chacun a ses raisons de s’y rendre : une mère doit négocier la garde de sa gamine, un couple souhaite rallumer une flamme vacillante, une vieille dame rencontrer un amant et un jeune homme retrouver son père avec qui il est en froid.
D'emblée, le lecteur s’interroge sur le choix du titre, lequel vend la mèche. La conclusion étant connue, reste à voir comment le scénariste s’y rendra.
Lorenzo Coltellacci articule son propos autour de saynètes minimalistes d'un intérêt tout relatif. Chacun des protagonistes discute avec un ami ; il explique le sens de son escapade en Allemagne, ses espoirs et ses craintes. Le bédéiste exprime ainsi la grandeur et la banalité du quotidien, à travers une série de portraits de personnages n'ayant rien en commun, sinon un destin. Il pose sur eux un regard empathique ; tous se montrent attachants et le bédéphile ne leur veut que du bien, même s’ils l'ennuient un peu.
Entre les segments sont intercalées des pages muettes, présentant un pilote, lui aussi en train de préparer son départ. Le lecteur ne sait rien de lui, mais il comprend qu’il constitue le pivot de l’histoire. Cette figure est certainement la plus intéressante, l’auteur préfère ne pas véritablement s’y attarder. Ce choix narratif se défend, même s’il laisse sur sa faim.
Davide Aurilia endosse le projet avec un dessin naïf, assez joli. Le trait étant simple, l’illustrateur tend à exagérer l’expression des comédiens qui semblent fréquemment surjouer.
La colorisation s’affirme comme un véritable narrateur. Alors que les représentations des voyageurs reposent sur des couleurs chaudes, les parties mettant en scène le taciturne pilote adoptent des teintes grises. Ces planches, au départ peu fréquentes, ont un impact significatif sur la narration. D’abord semblables à de petites notes discordantes, elles envahissent le dernier chapitre.
Une bande dessinée pleine de bons sentiments pour se souvenir que derrière les faits divers, il y a les gens.
6.0