La diplomatie du ping-pong
1971, les relations internationales sont dans la phase de la "Détente" depuis neuf ans. Les rapports entre les États-Unis et la République populaire de Chine sont rompus depuis la prise du pouvoir des communistes en 1949. Des deux côtés, les chefs d’États et les spin-doctors tentent de trouver un motif de rapprochement sans perdre la face. C'est le sport qui va les y aider, et plus précisément le tennis de table. En effet, lors des championnats du monde, Glenn Cowan, un joueur américain peu performant, nonchalant et hippie, rate son bus et se retrouve par hasard dans celui de la délégation chinoise. De là nait la rencontre avec Zhuang Zedong, le triple champion du monde chinois. Grâce à cette improbable amitié arrivera le dégel diplomatique.
Un grand nombre de lecteurs connait de nom la "diplomatie du ping-pong", du fait d'un souvenir de cours d'histoire ou d'une scène du film Forrest Gump de Robert Zemmeckis.. Cet évènement a bel et bien existé. Dans cet album, Alcante en propose une version romancée avec quelques petites entorses à la réalité qu'il assume et explique dans le petit dossier disponible en fin d'album, lequel apporte un complément appréciable. Là, illustré par des photographies, l'auteur revient sur les raisons qui l'ont amené vers ce récit. Elles sont au nombre de trois : la passion pour l'Histoire, son amour du ping-pong et la projection de son amitié avec un Japonais pour le choc des cultures orientale / occidentale. Ces trois axes deviennent les piliers du scénario de l'album, et permettent aux bédéphiles d'entrer dans un fait historique par le biais de l'échelle humaine. En effet, le pongiste étasunien est l'archétype du jeune des années 1970, une sorte de gentil looser magnifique. Le hasard (ou pas) qui guide ses pas dans le bus chinois et sa rencontre avec la délégation et son champion devient le point de départ attendu en hauts lieux. Au fur et à mesure des matchs, les lecteurs découvrent le passé de Zhuang lors des purges maoïstes, ainsi que les arcanes du pouvoir qui avance dans l'ombre des joueurs pour aboutir au voyage du président Nixon en Chine le 21 février 1972. Le fil du récit est déroulé avec intelligence, plaisant tout en étant instructif.
Le style graphique d'Alain Mounier apporte une touche classique qui correspond à l'ambiance générale du scénario. Se basant sur une documentation iconographique, il donne un aspect visuel très réaliste que les fans de bandes dessinées historiques apprécieront.
Selon les géopoliticiens comme Pascal Boniface, le sport a toujours été un indicateur des relations internationales en participant à leur construction, qu'ils soient pacifiques ou non. Le tennis de table est devenu un outil de propagande pour deux pays en recherche de rapprochement dans un contexte où leurs idéologies prônaient la séparation. La diplomatie du ping-pong parvient à mettre cela en image avec efficacité.
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7.0
