La tour de babel - Voyages au coeur du grand bazar européen

V ingt-sept pays, vingt-quatre langues, quatre cent cinquante millions d’habitants, un parlement bicéphale, sept cent cinq députés et une constellation de comités et de sous-comités. Des membres plus égaux que d’autres, certains décrits comme radins, sans oublier ceux à l’écoute du chant des sirènes russes. Une Tour de Babel, un grand grand bazar, comme le dit si bien le titre de ce livre où Kokopello tente de comprendre les tenants et aboutissants de l’institution.

Alors que les troupes de Vladimir Poutine s’attaquent à l’Ukraine, le bédéiste sort son cahier de reporter. La structure est complexe et le projet ambitieux. Au mieux peut-il tracer un portrait impressionniste du monstre administratif. Le lecteur en discerne les contours, mais ne s’explique pas le fin détail de cette organisation dysfonctionnelle qui semble prête à s’écraser sous son propre poids.

L’album prend la forme d’une série d’entrevues au cours desquelles des intervenants exposent différents aspects du fonctionnement de l’appareil : le protocole, le nombre de représentants par État, le processus de vote, les critères d’admission, les commissions, etc. Les pièces de puzzle s’additionnent et finissent par donner un aperçu général de la bête.

Bien que le propos se révèle lourd, le ton demeure léger. Le journaliste s’y met en scène avec une naïveté à laquelle le bédéphile s’identifie forcément. Il est toujours amusant de se demander s’il arrivera à s’incruster dans la rencontre à laquelle il n’est pas invité, le voir essayer d’attirer l’attention d’un politicien ou ne pas savoir comment se comporter lors d’un repas officiel.

Les illustrations relèvent davantage du croquis. La plupart présentent les interlocuteurs du journaliste et apparaissent assez statiques. Cela dit, le trait caricatural confère beaucoup d’expressivité aux personnages. Quelques éléments de décor permettent à l’occasion de contextualiser l’action.

Une synthèse intéressante. De l’ensemble se dégage l’impression que la structure a grandi trop vite, absorbant du coup des entités ayant du mal à pleinement adhérer au projet collectif. Il est d’ailleurs étonnant qu’elle planifie tout de même de fédérer une dizaine d’autres nations.

Moyenne des chroniqueurs
6.0