Pierre de Coubertin, entre ombre et lumière

A thènes, 1896, les Olympiques renaissent. Animé par un parti-pris d’amitié entre les peuples et convaincu de l’importance de l’activité physique, Pierre de Coubertin a travaillé d'arrache-pied pour organiser les premières olympiades de l’ère moderne. Elles se dévoilent d’abord modestes et désorganisées, mais l’homme dépense temps et argent pour les faire grandir. Après en avoir cédé les commandes dans les années 1920, il souffre de voir les nouveaux dirigeants trahir sa vision, qui ne se révèle pas toujours honorable.

Xavier Bétaucourt brosse d’ailleurs le portrait d’un être de contradictions : idéaliste borné, aristocrate républicain ou encore humaniste misogyne. En cela, le titre, Entre ombre et lumière, est particulièrement bien choisi. Le baron juge que les femmes n’ont pas leur place dans la société en général et dans le sport en particulier ; il insiste du reste pour que l’événement soit apolitique, fermant du coup les yeux sur certaines dérives politiques.

Le récit repose sur les dialogues entre deux journalistes en route vers l’inauguration des Jeux de Berlin, en 1936 ; là où ils connaîtront leurs heures les plus sombres. Très efficace, la stratégie permet de livrer quantité d’informations en une centaine de pages.

L’auteur semble toutefois hésiter entre deux avenues et le résultat s’en ressent. Le propos n’est ni une biographie ni l’histoire des balbutiements de l’épopée sportive. Il se situe entre les deux et, au final, le lecteur reste sur sa faim.

Le dessin de Didier Pagot apparaît simple et agréable. Ses personnages se montrent un peu statiques, sans que cela soit vraiment dérangeant. La colorisation repose sur des teintes sépia pour les nombreux rappels historiques, auxquelles s’ajoutent des éléments pastel démarquant les segments contemporains à l’action.

La saga s’arrête en 1937, avec le décès du protagoniste. Comme s’ils étaient nés sous une mauvaise étoile, les Jeux continueront de bafouer l’idéal de leur créateur. À la machine de propagande se juxtapose désormais le dévoiement à une commercialisation débridée.

Moyenne des chroniqueurs
6.0