Mr. Crook !

N ew York, années 1930. Le Mangaza, un diamant de grande valeur récemment trouvé au Botswana, sera vendu aux enchères. Chargé de protéger la pierre, l'inspecteur Jenny Holson semble nerveux. Il craint que son vieil ennemi, l'insaisissable Mr. Crook, tente de s'emparer de l’objet. Il aura fort à faire, car le cambrioleur est rusé et il a toujours un coup d'avance.

Le duel entre le délinquant et le représentant des forces de l’ordre fait mouche. Le plaisir du lecteur n’est pas tant de savoir lequel l’emportera, mais plutôt de comprendre comment le héros s’y prendra pour mystifier son antagoniste.

Dans ce premier tome, Jérôme Tillard affiche sa maîtrise du scénario. Par exemple, lorsqu’il filme une série de rapines servant à dépeindre le protagoniste, un as du déguisement, cabotin, brillant et détestablement sympathique. Loin d’être anecdotiques, ces épisodes dévoilent comment le fraudeur s’y prend pour tisser sa toile et tendre un piège aux richissimes hommes d’affaires qui convoitent le caillou.

Le ton se veut bon enfant et l’humour omniprésent ; la logorrhée et le culot de l’escroc lui permettent de mettre en boite absolument tout le monde et le bédéphile s’en réjouit.

Romain Blais propose un dessin caricatural de belle qualité. Ses acteurs démontrent beaucoup de caractère ; leur jeu, physique, rappelle le cinéma muet. Le chenapan est affublé d’un visage prognathe, un trait le rendant facilement identifiable… alors que personne ne le reconnaît, ce qui ajoute à la drôlerie des situations. Les décors apparaissent pour leur part généreux, il est intéressant de les scruter pour découvrir de petites scènes de la vie quotidienne ou lire la métropole à travers les panneaux publicitaires, la une des journaux ou la tenue vestimentaire des figurants. La colorisation repose en bonne partie sur des teintes chaudes, les ocres se mariant agréablement au trait charbonneux du bédéiste.

Le tandem de jeunes auteurs convainc avec un premier projet très abouti. Il est à souhaiter qu'ils reprennent crayons et pinceaux pour raconter une deuxième tranche de vie d’un personnage présentant beaucoup de potentiel.

Moyenne des chroniqueurs
6.5