Le royaume d'Après 1. Le crépuscule

I nstallée dans le lit familial, Gale est en train d’accoucher. Le travail est d’une souffrance insoutenable et le jeune Christopher s’inquiète en entendant les cris de douleur de sa maman. De longues minutes plus tard, la petite Mary pointe le bout de son nez. Mais Gale y a laissé la vie. Cette tragique disparition plonge Jack Shelley dans une infinie tristesse qu’il noie dans l’alcool. Se détournant de l’éducation de ses enfants, il passe désormais plus de temps au bar qu’à la maison. Un soir, alors que Christopher veille sur sa sœur, une étrange créature kidnappe le bébé et l’emmène dans les profondeurs du monde. Désemparé, le garçon part à sa recherche. Il croise alors la route de Morrigan. Considérée comme une foldingue par tout le village, l’étrange dame est affirmative : pour retrouver Mary, il faut pénétrer dans le Royaume d’Après.

La mort. Voici ce qui ouvre l’album et servira de fil rouge à l’histoire. Car le Royaume d’Après est bien celui des âmes des morts. Margaux Saltel et Marc Dubuisson (Ana et l’Entremonde) s’attèlent ainsi à une thématique aussi grave qu’universelle. Adressant leur conte, qui se déploie dans l’époque victorienne, à un jeune lectorat, les auteurs prennent toutefois le parti d’une approche pleine de légèreté et de bienveillance. La rondeur dans les traits des personnages leur confère une certaine bonhommie tandis que l’humour s’invite régulièrement. Là où le monde des vivants est triste et sombre, le royaume des morts est, lui, éclatant de couleurs et pétillant de vitalité. La mort et le deuil sont alors pris à contrepied, affrontés mais dédramatisés. L’intrigue est par ailleurs une belle invitation à l’optimisme et au courage. Semblant plutôt timide dans les premières pages, le petit héros fait pleinement face à ses peurs et s’engage dans un voyage initiatique réservant bonnes et moins bonnes surprises.

Premier tome convaincant, bien dialogué et animant des personnages attachants, Le crépuscule entame une série prometteuse.

Moyenne des chroniqueurs
7.0