Mon infractus (Quand j'étais DJ)

H ervé Bourhis, quarante-huit ans, sémillant dessinateur/scénariste et DJ amateur à ses heures, a eu un infrac… euh, non, un infartc… une crise cardiaque en juin 2022. Rapidement pris en charge par le SAMU et emmené fissa à l’hôpital où il a été parfaitement pris en charge. Après deux mois de rééducation, il s'en est totalement remis. Totalement ? Presque, car désormais, comme Robert Bidochon (cf. le tome 7 de la célèbre série de Binet), il est un grand cardiaque et doit apprendre à se modérer et à mieux prendre soin de lui. Ces moments difficiles passés, c’est la routine qui recommence, le boulot, par exemple. Et, que fait habituellement un auteur, particulièrement de BD ? Il décrit ses misères évidemment, d’une façon rigolote (ou pas), mais surtout avec plein de détails et une sincérité de tous les instants !

Mon infractus (Quand j'étais DJ) aurait pu être une énième autobiographie mêlant expérience humaine et documentaire médical. Et bien non, Bourhis est plus malin que ça. De plus, comme le marché est déjà bien encombré par ce genre de titres et que le sujet ne lui semble pas si excitant en définitive, il a préféré parler de la vie (la sienne en particulier, il ne faut pas exagérer, la victime dans cette histoire, c’est lui) et de ses passions de toujours : la musique et les soirées dansantes. Il en résulte un bouquin hautement sympathique, rempli de joie (plus quelques peines) et de rythmes jusqu’au bout de la nuit.

Pour autant, les réalités des maladies cardio-vasculaires ne sont pas oubliées et se glissent ici et là au milieu de sets déchaînés et des réminiscences d’un parcours placé sous le signe des 45 tours. Plus important encore, il y a la joie de l’instant présent et ce sentiment indescriptible d’avoir le pouvoir de faire danser les autres, du moins pendant une poignée d’heures. C’est aussi tout un environnement qui est dépeint : les potes, les chasseurs de sons rares, les rencontres avec des pro des platines et même deux-trois stars au détour d’un festival. Planches classiques, hors-textes purement graphiques, reproductions de pochettes mythiques ou chéries, tous les moyens sont bons pour faire passer les émotions, entre deux siestes réparatrices, ordre du médecin.

Ajoutez quelques précisions historiques - nous sommes en présence d’un spécialiste du domaine, créateur des Petits livres Rock/Beatles/Black Music et French Pop, ne l’oubliez pas - et vous obtenez un ouvrage inclassable mêlant ode à la vie et à l’amitié, culture et conseils pour une meilleure hygiène cardiotonique. Le tout est réalisé avec ce qu’il faut d’autodérision, d’humour et toujours habitée par cette envie de raconter, peu importent les circonstances.

Moyenne des chroniqueurs
7.5