Trompe-l'œil

J ade sort de prison et elle n'a aucune envie de retourner dans le droit chemin. Elle retrouve Fiona, une ancienne codétenue, qui fait partie du clan Williams. Ces derniers règnent sur les affaires louches d'une petite ville anonyme du Canada. Justement, ils viennent de dérober une série de tableaux, mais un différend avec leur receleur les laisse sans connection avec le marché de l'Art. Il se trouve que la la jeune femme a profité de son séjour derrière les barreaux pour étudier l'histoire de la peinture. Grâce à ses connaissances, elle pourrait jouer les intermédiaires éclairées. Une collaboration se dessine. Rien ne va se passer comme prévu.

L'ombre des frères Coen plane indiscutablement sur cette histoire. Une bande d'anti-héros rêvent trop grand pour leur propre médiocrité. Leurs ambitions ne peuvent que se fracasser sur le mur de la réalité. Familles dysfonctionnelles, maladresses coupables, violence grotesque... l'univers de Fargo pèse un peu trop lourdement. Les décors enneigés, une grossesse qui s'invite dans l'intrigue comme un cheveu dans la soupe, une bêtise crasse qui se tire la bourre avec une méchanceté primaire... les références sont claires. Il est alors difficile de définir si ce récit tient de l'hommage ou du pastiche. Si Trompe-l'œil se lit sans déplaisir, l'omniprésence de ces influences empêche de se laisser séduire complètement. L'impression générale est celle d'une variation sur un thème déjà trop connu. Malgré tout, les auteurs maîtrisent leur sujet. Cette tragicomédie ne se contente pas d'être un thriller campagnard très noir. Ses personnages sont autant de loosers pathétiques qui rêvent d'échapper à leur condition, pour le pire ou le meilleur. L'intrigue est rythmée, l'enchainement vers la catastrophe est implacable et le traitement graphique, dynamique et décalé, apporte une cohérence bienvenue. Il manque juste un peu d'originalité pour que ce titre soit plus qu'une lecture sympathique mais oubliable.

Moyenne des chroniqueurs
6.0