Murmures des sous-bois

D epuis le décès de sa grand-mère, la maman de Poppy broie du noir et passe le plus clair de son temps installée dans le canapé, à regarder la télévision. La jeune fille partage cette tristesse mais la vit différemment, et ressent le besoin de sortir, de s’aérer l’esprit. Alors qu’elle promène son compagnon Pepper dans la rue, ce dernier aperçoit un renard. Le chien tire sur la laisse et s’engouffre dans le trou d’un grillage. Poppy part à sa recherche et arrive au beau milieu de la forêt, où elle fait la rencontre de Rob, un petit garçon habitué du lieu.

« Pose-toi. Écoute. Que dit la nature ? »

Ces quelques mots ouvrent Murmures des sous-bois, de Kengo Kurimoto, et en résument parfaitement toute l’essence. Avec un trait léger mais soigné, empreint d’une certaine naïveté, l’auteur canadien (qui publie ici sa première bande dessinée) propose une douce déambulation. Les mots, et donc les phylactères d’ailleurs à peine tracés, se font rares. Comme s’ils étaient superflus, inutiles. Ils laissent leur place à une lente contemplation, toute en nuances de gris. À chaque excursion, la protagoniste est un peu plus attentive au monde qui l’entoure, à ses richesses brutes, dans une perpétuelle redécouverte. Le lecteur se laisse embarquer avec elle et découvre, dessinés avec une grande précision, la flore fourmillante de vie, la faune à la fois farouche et curieuse, le ciel imposant ou encore la beauté de la pluie…

Il n’y a pas d’âge pour aimer la nature. Il n’y en a pas plus pour apprécier cet album d’une infinie tendresse.

Moyenne des chroniqueurs
7.0