Révolutionnaires ! 3. Le roi est mort, vive la République…

F rance, 1793. Le pays s’enfonce dans la désorganisation. C’est dans ce climat délétère que Sélénie se réfugie chez les gamins des rues de Nantes où elle se met à l’abri de son oncle, le marquis de Valoire, qui l’a spoliée de son héritage. Avec ses compagnons d’infortune, elle cherche à récupérer son bien.

Le roi est mort, vive la République ! constitue le troisième tome de Révolutionnaires ! Le titre se révèle presque trompeur. En Loire-Atlantique, l’annonce de la décapitation de Louis XVI s’entend comme un fait divers ; Robespierre et Danton ne sont même pas évoqués. En fait, Régis Hautière braque les projecteurs sur une époque et sur une société. Dans ce microcosme, un noble n’hésite pas à comploter contre sa nièce, les bourgeois font l’apologie du commerce triangulaire et les brigands volent leur prochain. Tous ont un point en commun : la cupidité. La police est pour sa part facile à corrompre et le clergé ferme les yeux. Pour tout dire, les gavroches se présentent comme la véritable incarnation de l’idéal de liberté, d’égalité et de fraternité.

Le propos est engagé : dénonciation de la traite des esclaves, promotion des droits des femmes et lutte des classes. Sans être lourd, le message social semble prendre le dessus sur les démêlés de l’héritière. Dans ce troisième volet, l’orpheline tend du reste à s’effacer devant son cousin Enguerrand.

Un dossier de sept pages soutient l’ambition pédagogique de la série. L’enfant y trouve des explications simples sur les événements et les concepts évoqués dans l’album, par exemple le procès du roi, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen ou le calendrier républicain.

Le trait semi-caricatural de Xavier Fourquemin se montre à la hauteur du projet. Les jeunes acteurs ont des bouilles sympathiques et expressives, qui tranchent avec celles des adultes souvent plus rébarbatives. Généreux, l’artiste ne lésine pas sur les décors. Bien que de nombreuses planches soient découpées en cinq bandes, le dessin n’y apparaît jamais à l’étroit. L’illustrateur en profite plutôt pour capter les comédiens de très près ou pour élargir la vignette et offrir au bédéphile de spectaculaires plans panoramiques.

Une série intelligente, destinée aux filles et garçons curieux, ceux ayant apprécié La guerre des Lulus et Les enfants de la Résistance.

Moyenne des chroniqueurs
7.0