Groovy Death Trip

L es éditions Huber aiment la transgression et découvrir à travers le monde des artistes capables de l'illustrer. Publier Josh Simmons apparaît alors comme une évidence. Après Le Manoir, Mark of the bat et Black river, voici un recueil dont le titre suffit à en résumer la quintessence : Groovy Death Trip.

En deux cent quarante-quatre pages, trente histoires et autant d’illustrations, le talent et le génie macabre de SImmons saute aux yeux, ou bien les fait se détourner selon la sensibilité du lecteur. L'artiste aborde ses thèmes de prédilection, comme l'amitié, le mal-être ou encore la famille, en prenant un malin plaisir à les torturer, créant ainsi malaise et parfois dégoût. Certaines histoires reprennent les codes des pulps en proposant un dénouement sans queue ni tête. D'autres détournent les genres. C'est le cas de Au pays de la magiequi débute comme un gentil petit conte pour enfant, dans le trait et la colorisation, avec des fées et des elfes avant de tourner au cauchemar. D'abord verbalement puis visuellement lorsque le personnage principal soulage son irrépressible désir sexuel après un meurtre.

Rien n'échappe à la volonté de salir de l'artiste, pas même la religion avec un Jésus Christ particulièrement violent et vengeur. Néanmoins, les bédéphiles innocents auraient tort de le qualifier de fou ou alors à la manière de Michel Foucault qui montrait que la racine de la pathologie mentale ne peut se trouver que «dans une réflexion sur l'homme lui-même», plus exactement dans les structures sociales. C'est là, la grande force de Josh Simmons, il propose une réflexion aux lecteurs à partir de ce qu'il livre dans ses planches. Le dessinateur va loin et se permet de multiples audaces sanguinolentes et scatophiles. Son trait faussement simpliste et naïf déroutera les bédéphiles surpris par la violence de l'intrigue parfois absurde.

À la fois cynique, désabusé, trash et transgressif, Groovy death trip est un album qui plaira aux fans de récits underground et malsains. Attention à ne pas le laisser entre de jeunes mains !

Moyenne des chroniqueurs
7.0