Donjon Monsters 18. Noces de fleurs

T rente ans déjà qu’Hubert et Isis sont mariés. Pour fêter leurs noces de fleurs, ils ont décidé de passer une fin de semaine en amoureux sur une île paradisiaque et isolée, si possible. Afin d’atteindre leur destination, ils ont engagé Andrée, une vieille dame qui gagne sa vie en faisant des transports de biens et de personnes entre les différents îlots de ce coin de Terra Amata. La navigation se passe sans anicroche, mais au moment d’accoster, ils subissent une attaque et se retrouvent submergés par un barrage de flèches incendiaires ! Qui sont les assaillants ? Et que veulent-ils donc à cet équipage ?

L’information niveau 115 inscrite sur le faux titre renseigne le lecteur sur le fait que Noces de fleurs se déroule dans l’époque post-crépuscule. Hubert n’est plus Khan depuis longtemps et semble avoir été oublié par une population qui, globalement, a tourné la page. Ce «reset» permet à Joann Sfar et Lewis Trondheim de développer des éléments introduits dans les dernières livraisons de l’univers Donjon. Sans trop en dire, outre les habituels personnages centraux de la saga, plusieurs nouvelles têtes récemment apparues tiennent des rôles importants au sein de ce Monsters dix-huitième du nom. Entre des dialogues piquants, bien sentis et divers moments de bagarre, le thème de la vieillesse se fait remarquer. Dès le début de l’entreprise, le temps long permettant l’évolution des protagonistes a été un des atouts de la série. Par contre, c’est la première fois, à part pour Herbert, que les stigmates de l’âge se font aussi visibles. Rides et os qui craquent, Isis et Hubert sont marqués. Avec son style tout simple et élégant, Aude Picault les montre sans fard. Ils sont, certes, toujours héroïques et capables de réaliser des exploits, mais leur lassitude est palpable. Ils ont beaucoup bourlingué, sont usés et c’est plus forcés que volontaires qu’ils s’engagent dans cette aventure. Les laissant assis sur le sable et les regards vers le large, la conclusion, douce amère, même si elle permet d’ouvrir quelques pistes pour plus tard, illustre cette évolution, tant celle des caractères que des artères.

Énième pièce d’un puzzle en perpétuel expansion, Noces de fleurs est à la fois totalement contenu et parfaitement inscrit dans le grand dessein donjonesque. La dessinatrice invitée apporte sa sensibilité personnelle et impose une distance bienvenue aux scènes habituelles et attendues de cette fable d’heroic-fantasy classique et décalée.

Moyenne des chroniqueurs
7.0