Prima Spatia 2. La Traque

E nfant, Alba a été confiée à Cyll, dans le but de l’éduquer, mais aussi de la protéger. Elle a grandi paisiblement sur l’astéroïde Le Havre, loin de l’agitation et des convoitises. Devenue adolescente, elle coule des jours tranquilles, notamment auprès d’Emett, compagnon dans ses recherches de créatures stellaires, pièces maîtresses de l’économie. Loin de là, sur Prima Spatia, siège de La Monnaie, l’agent Isandre, convoqué chez le Grand Intendant, exécute trois soldats et s’enfuit, sans explication. Au même moment, un commando attaque brutalement Le Havre, décimant ses habitants. Alba, Emett et l’équipage de La Flèche parviennent à s’extirper du guet-apens, non sans avoir livré une rude bataille. Profitant d’un bref sursis dans le système aquatique de Milena, la bande s’interroge sur ce qui est désormais identifié comme une tentative d’enlèvement de la jeune fille. Qui et pourquoi ? D’autant que des rumeurs circulent sur sa réelle identité et celle de ses parents.

La Traque est le second tome de Prima Spatia, après L’Héritière (2022). Menée par Denis-Pierre Filippi au scénario et Silvio Camboni au dessin, les deux artisans des dix volumes du Voyage extraordinaire, extension de l’univers de Jules Verne, cette jeune série trouve davantage sa source dans la Science-Fiction et en adopte les codes : géographie et temporalité indéfinies, vaisseaux spatiaux, technologies avancées, démultiplication des espèces vivantes. Les auteurs étayent leur aventure en abordant des thèmes économiques, sociologiques et éthiques, faisant ainsi le lien avec notre monde contemporain. Le propos en est d’autant plus riche, au risque d’en paraître parfois trop dense et confus. La masse d’informations et de pistes de réflexion lancées peuvent nuire à la fluidité de lecture et pénaliser l’immersion.

Cependant, le soin apporté au dessin emporte tous les suffrages. Le trait de Camboni affiche à nouveau ses rondeurs, son élégance et sa douceur, même lorsque le sujet d’une case est une bataille. Les personnages demeurent d’une facture classique, mais les paysages crèvent les planches. Visiblement, c’est là que l’artiste s’épanouit. Il fait partager sa jubilation au lecteur. Saillies minérales, environnements sous-marins, entrelacs végétaux, chaos sidéral, déambulations célestes, tout émerveille l’œil et agrippe l’imagination. De belles doubles pages font d’ailleurs honneur à cette profusion esthétique et à ces invitations au voyage. Une mention spéciale doit être accordée à la mise en couleur, effectuée à six mains. Au final, le récit est aussi foisonnant que sa déclinaison graphique. Se perdre, une fois de temps en temps, peut être salutaire.

Moyenne des chroniqueurs
7.0