Michel Vaillant - Légendes 2. L'âme des pilotes

A u début de l’année 1971, Michel Vaillant est dans une mauvaise passe. Les accidents et abandons se succèdent, le doute s’installe, des dissensions apparaissent. Le Grand Prix de Monaco, qui se tient au mois de mai, est l’occasion de conjurer le sort et de rebondir. L’équipe se mobilise et prépare les essais avec rigueur et détermination. Ceux-ci sont qualificatifs : seuls les dix-huit premiers seront autorisés à prendre le départ le dimanche pour les quatre-vingt tours. La météo est exécrable, la pluie tombe en continu. Les Jackie Stewart, Chris Amon et autres Mario Andretti tentent de réaliser le meilleur temps sur une patinoire. À l’occasion de cette manifestation, Michel reçoit Francine Seik, romancière et reporter, pour un entretien et une séance photos. Dans le même temps, à Marseille, un représentant du F.B.I., qui enquête sur la French Connection, est grièvement blessé. Il faut faire appel à Steve Warson, membre de l’écurie Vaillante et agent secret. Comment pourra-t-il, simultanément, préparer une course et secourir un collègue en danger de mort ? Les conséquences risquent d’être fâcheuses pour tout le monde.

L’Âme des pilotes est le second tome de Michel Vaillant Légendes, à nouveau écrit et mis en image par Denis Lapière (Luka, Le Roi Louve) et Vincent Dutreuil (Ada Enigma, Racines). Après l’Indiana en 1966, le sud de la France en 1971. L’idée de cette série est de mettre à l’honneur, par des récits inédits, des événements majeurs de l’histoire de la Formule 1 qui n’auraient pas trouvé leur place dans les dizaines d’aventures imaginées par Jean Graton (même si l’épisode est déjà abordé dans Série noire de 1973). La proximité géographique et chronologique avec les méfaits de la French Connection est une opportunité pour poser une intrigue. Si cette dernière est légère et aurait mérité d’être étoffée, l’écriture sait être subtile, originale et pertinente, notamment lorsque des échos sont établis entre l’action et les propos tenus par Michel lors de l’interview. Le passage dans lequel les explications techniques s’entremêlent avec la course poursuite de Steve Warson est particulièrement efficace. Les échanges avec la journaliste sont aussi un contexte favorable pour interroger le champion sur sa motivation, ce qui lui provoque le frisson, le tour parfait ou l’obsession de gagner. Ces mises en perspective, fort bien insérées à la dynamique du dessin des bolides, sont bienvenues.

Le graphisme de Vincent Dutreuil, plus précis et détaillé que celui de Dans l’enfer d’Indianapolis, est une excellente surprise. Il modernise nettement les canons laissés par Jean Graton, sans nuire à l’esprit de la saga. Les vues de l’hôtel L’Hermitage sont splendides et le défi qui consiste à poser de la vitesse sur du papier est relevé avec brio. L’Âme des pilotes est un nouvel album de qualité à mettre à l’actif de cette série qui semble inépuisable.

Moyenne des chroniqueurs
7.0