Gueule de cuir 1. L'épéiste

P aris, 1663. Au terme d’un affrontement, Jean-Philippe Baptiste Gagnière est tué par un homme, lequel lui remet le masque de Gueule-de-cuir. Le duelliste ne tarde pas à renaître avec davantage de rapidité, d’agilité et de force. Comme une chauve-souris, il peut voir dans le noir. Il dispose maintenant de tous les atouts pour affronter le roi des tombes, lequel s’attaque aux enfants et terrorise les habitants des quartiers populaires.

Il y a un peu (beaucoup en fait) de Batman dans ce chevalier masqué. Rompu aux arts du combat, il endosse la cape pour courir sur les toits, traquer et terrifier les méchants. Comme son confrère de Gotham, il travaille la nuit.

Le récit se révèle un tantinet complexe, voire alambiqué : triades du zodiaque du diable, héros aux pouvoirs surnaturels, vilain nécromant, avec en toile de fond le Cardinal Richelieu et Louis XIII. Bref, beaucoup d’enjeux s’entrecroisent. Enlevée et sans aucun temps mort, la narration tourne néanmoins à vide. L’anecdote progresse assez peu, comme si l’objectif de ce premier tome, d’une série annoncée en trois, était simplement de présenter les protagonistes et de camper le décor.

Stéphane Créty propose une adaptation cinématographique de cette histoire. Sa caméra virevoltante alterne à toute vitesse entre les plans larges de la ville et ceux très rapprochés des duels, entre les vertigineuses plongées et les audacieuses contreplongées. L'artiste illustre une Paname glauque et poisseuse, qui s’impose comme personnage. Un peu comme si par sa seule existence, avec ses recoins et ses ruelles sinueuses et boueuses, elle conditionnait le mal.

Un bémol, les acteurs semblent parfois en décalage avec l’action. À certains moments, leur jeu manque d’expressivité, à d’autres ils apparaissent inexpressifs, alors que les événements commanderaient une réaction plus affirmée.

Mention à Jérôme Maffre dont les couleurs, particulièrement les clairs-obscurs, traduisent bien l’esprit de ce projet.

Un petit truc agréable, un hommage assumé à la saga créée par Bob Kane.

Moyenne des chroniqueurs
6.0