Chroniques Diplomatiques 2. Birmanie 1954

E n 1945, après Hiroshima et Nagasaki, le capitaine japonais Isao cache les plus belles pierres de jade impérial confisquées pendant l’occupation, au cœur de la jungle birmane. Un témoin dissimulé assiste à la scène nocturne. Le lendemain, le militaire se rend aux Birmans. Il décède quelques jours après. Les pierres précieuses sombrent dans l’oubli. Neuf années plus tard, Jean d’Arven est affecté à Rangoon comme ambassadeur par intérim, son prédécesseur étant plongé dans le coma. Le pays est déchiré par des conflits religieux et des luttes politiques. Après la colonisation anglaise et la guerre avec le Japon, le pays est un agrégat artificiel de provinces rêvant de leur indépendance, qui à la solde de Mao, le voisin chinois en pleine expansion, qui sous l’influence soviétique. Le Premier Ministre, U Nu, peine à fédérer. Des menaces rebelles se font plus précises. Non loin, à Diên Biên Phu, l’armée française est en difficulté, situation qui détermine l’action du Quai d’Orsay. Jean d’Arven est accompagné par son ami Jacques, qui semble pris dans un double jeu. Damien Vayssier, le numéro deux à l’ambassade, leur réserve un étrange accueil, loin de toute courtoisie.

Birmanie 1954 est le second volume de Chroniques diplomatiques, après Iran 1953 (2021), déjà scénarisé par Tristan Roulot (Hedge fund, Le Convoyeur) et dessiné par Christophe Simon (Alix, Kivu). Le propos assumé est de rendre hommage et de prolonger l’esprit des grandes années du Journal de Tintin, fait de héros beaux et turbulents, de voyages dangereux et de scénarios qui savaient ne pas verser dans une trop grande simplicité. Avec des agents doubles, des personnages ambigus (la très intéressante Corinne Ma Batang), des conflits d’intérêt et le mensonge comme seule monnaie d’échange, la trame de Birmanie 1954 ne saurait décevoir. Surprises et rebondissements sont au rendez-vous. De même, le graphisme, charmant dans sa simplicité et son aspect désuet, ramènera le lecteur vers des territoires bien connus.

Le récit, entre réalisme historique et libertés fictionnelles, est fort bien mené mais n’offre que peu d’originalité. Des épisodes de Largo Winch, ou d’I.R.S se sont déjà aventurés dans ces contrées avec plus de brio. Il reste une plongée stimulante dans un contexte de l’histoire du 20è siècle peu connu et un rappel que de nos jours, la Birmanie a de nouveau tourné le dos au reste du monde, que la junte y règne sans partage. Ça n’est pas suffisant pour se faire remarquer dans le flot annuel des publications.

Moyenne des chroniqueurs
6.0