Les dieux de l'Olympe (deuxième série) 2. Apollon

L a mythologie grecque représente un terreau inépuisable pour les conteurs. Son panthéon de personnages hauts en couleurs, dotés de passions et de vices débridés, offre une infinie de possibilités, des plus érotiques aux plus politiques. Le matériau est malléable à l'infini. Mais qu'en reste-t-il une fois toute la pompe enlevée ? Lorsque toute la grandiloquence est soustraite à ces dieux, demi-dieux ou simples héros, que deviennent-ils ? Si le trône sublime de Zeus, au sommet de l'Olympe n'est plus qu'un simple fauteuil perché au sommet d'une colline, que subsiste-t-il de sa grandeur ? Peut-il encore susciter la crainte et l'admiration ?

C'est à ce petit jeu que semble jouer Nadja dans sa série des Dieux de l'Olympe. Ressuscitant un projet entamé il y a une trentaine d'années à L'école des loisirs, elle raconte sans artifices l'histoire d'Apollon, l'un des nombreux rejetons illégitimes du maître de la foudre. Il est profondément fat, vain et imbu de lui-même. Depuis sa conception, fruit d'une infidélité de plus de Zeus avec Leto, le consentement de cette dernière étant visiblement facultatif, jusqu'à ses amours contrariées, le livre décline certains mythes, plus ou moins connus, avec une certaine irrévérence, en total décalage avec un style visuel plutôt enfantin. En effet, l'autrice cumule une brillante carrière pour la jeunesse et une autre plus tournée vers un lectorat adulte, essentiellement chez Cornélius et Olivius. Ce projet s'intègre dans la collection Les Ondines, jeune label de Dupuis consacré à des romans graphiques destinés à un lectorat à partir de sept ans.

La cruauté de ces légendes, livrées dans un emballage apparemment inoffensif, est-elle perceptible par des enfants? Ces derniers saisissent-ils leur dimension violente, sexiste et immorale ? Les récits paraissent légers et joyeux, alors qu'ils traitent de meurtres, de viols, de manipulations, de domination... Le sous-texte est-il accessible à cet âge ? C'est à se demander s'il s'agit d'une parodie qui, sous des faux airs de littérature jeunesse, viserait un public plus adulte. Sa présence au sein d'une collection dédiée au jeune public plaide en faveur du contraire. Et l'expérience de Nadja laisse à penser qu'elle est convaincue que les lecteurs disposent des clés pour appréhender les nuances et comprendre la déconstruction d'une mythologie à la fois extrêmement jouissive mais aussi porteuse des germes d'une société fondamentalement inégalitaire.

Moyenne des chroniqueurs
6.0