The velvet underground - Dans l'effervescence de la Warhol Factory The velvet underground - Dans…

M ême si elle est aujourd’hui un peu décriée pour diverses raisons sociétales, la génération des baby-boomers a été, durant les années 60, le moteur principal de la contre-culture : arts, mœurs, politique, etc. Ils étaient jeunes, libres et refusaient l’ordre et les règles établies. Des Beatles à Woodstock, la route qui a mené le monde vers Altamont est bien connue. Contrairement aux racontars enfumés d’encens, celle-ci ne se résumait pas au simple flower-power. D’autres avenues, ténébreuses, héritées de la Génération perdue et des Beatniks, ont également éclos à cette époque. Le Velvet Underground en est peut-être l’exemple le plus frappant. Lou Reed et John Cale, accompagnés par Sterling Morrison et Moe Tucker, refusent tous les compromis afin d’imposer leur vision du rock : textes graves baignés dans un réalisme sordide, compositions exigeantes et ambitieuses piochant dans tous les registres et scénographies se confondant avec les happenings de l’art contemporain. Ajoutez les drogues les plus dures, un penchant autodestructeur et des egos à la hauteur de l’Empire State Building, la recette était au point pour une destinée courte et fracassante. Elle le fut. Cependant, en seulement trois ans d’existence dans sa forme originale, quatre albums et une association avec le légendaire Andy Warhol, le Velvet a imposé sa marque et changé son médium pour les générations à venir.

The Velvet Underground - Dans l’effervescence de la Warhol Factory retrace cette trajectoire fulgurante. Koren Shadmi (Lugosi, L’homme de la quatrième dimension) est parti du décès du maître du Pop Art en 1987 pour tisser un biopic classique, solide et parfaitement documenté. Les deux forces créatrices du combo, Reed et Cale, se taillent évidemment la part du lion du récit avec des portraits fouillés et détaillés. Le lecteur suit les débuts, les déboires, les éclats et le manque de succès rencontrés par ce quatuor trop en avance sur son temps. Ambiances sombres et glauques de circonstance, extraits de chansons emblématiques et avalanches de moments torturés faits de crises existentielles et de bad trips, le scénariste recrée le New York de la fin des sixties avec application, même si un peu plus de crasse et de délabrement n’aurait pas été de trop pour retranscrire l’ambiance décatie de Big Apple.

Au final, complet et fluide, The Velvet Underground - Dans l’effervescence de la Warhol Factory se montre visuellement plus habillé que la la proposition de Prosperi Buri (Dargaud, 2021), tout en manquant un peu de personnalité. Toujours est-il que Shadmi offre là un ouvrage dense et évocateur d’une période trépidante de l’histoire de la musique moderne.

Moyenne des chroniqueurs
7.0