Au cœur de la terre 1. Permière partie

P renant place à bord d’une foreuse, David Innes et Abner Perry ont parcouru huit cent trente-deux kilomètres en direction du centre de la Terre, jusqu’à ce qu’ils débouchent dans un monde étrange. Ptérodactyles, dinosaures et hominidés s’y côtoient et s’affrontent. Coup de pot, quelques gaillards à l’allure contemporaine parlent anglais ; ils publient même des livres dans la langue de Shakespeare.

Surtout connu comme créateur de Tarzan, Edgar Rice Burroughs a écrit d’autres romans, par exemple Au cœur de la Terre. En un peu plus d’un siècle, la science et la connaissance ont progressé et son propos semble aujourd’hui plutôt naïf. Mais, au-delà des invraisemblances, il propose un récit d’aventures sympathique, quoique conventionnel.

Jean-David Morvan signe l’adaptation du texte dont il ne conserve que les scènes d’action. Aussi brèves que nombreuses, elles n’offrent aucun temps mort. Trop fréquentes, elles finissent par être redondantes, voire banalisées. Le lecteur aurait pourtant souhaité comprendre les motivations des protagonistes. Quels sont leurs objectifs? L’un se dit prospecteur et son collègue inventeur, mais que cherchent-ils si loin de la surface ? Il serait également intéressant de mieux connaître les indigènes, principalement la jolie Diann. Les réponses seront peut-être données dans le deuxième tome du diptyque.

Le dessin réaliste de Rafael Ortiz fait mouche. Dès la première planche, il campe le décor. Vastes étendues où broutent paisiblement de redoutables bêtes à cornes. Une image pastorale immédiatement perturbée par le duo d’envahisseurs. La table est mise pour une odyssée enlevée. La faune se veut convaincante ; les héros ont d’ailleurs d’excellentes raisons d’avoir peur des hyènes, gorilles et mahars (chauves-souris géantes), sans oublier les créatures marines. Les combats sont spectaculaires ; généralement captés de très près, ils sont souvent découpés en une multitude de petites vignettes qui les dynamisent. Le jeu des comédiens se montre du reste efficace ; notamment les regards, toujours éloquents.

L’album est complété d’un dossier de six pages dans lequel Pascal Louinet remet en contexte ce récit écrit à une époque dominée par le patriarcat.

Une bande dessinée n’ayant d’autres prétentions que de faire passer un bon moment au bédéphile. Et elle remplit son mandat.

Moyenne des chroniqueurs
6.0