Les petits riens de Lewis Trondheim 9. Les chemins de désir

C inq ans, presque six, marqués par une pandémie (avec un gros cas de Covid apparemment) et de nombreux projets éditoriaux ont passé depuis la parution de Tout est à sa place dans ce chaos exponentiel, le tome huit des Petits Riens. Comme avec les Carnets de Bord, Lewis Trondheim se serait-il lassé de sa formule ? Que nenni, Les chemins de désir, la neuvième itération de ses anecdotes du dérisoire et du quotidien arrive sur les étals ! Mieux encore, malgré les années synonymes de plus de sagesse et d’un peu moins de souplesse des artères, le créateur de Lapinot n’a rien perdu de son talent d’observation et de son sens de l’humour.

Faisant toujours fi de son bilan carbone personnel, Trondheim, accompagné de Madame et de collègues le cas échéant, continue d’arpenter la planète et de dénicher des détails incongrus dignes de sa verve et de ses pinceaux. Aquarelles réalisées sur le motif relatant des absurdités exotiques ou incompréhensibles à ses yeux de voyageur de passage ou simplement un beau paysage, tout est bon pour une page de BD. Sérial-scénariste oblige, s’il peut ajouter une chute ou un gag, c’est encore mieux.

Instantanés pris sur le vif ou presque, amusante rencontre entre le traditionnel carnet de croquis du bourlingueur d’antan avec les posts de l’instagrameur hyper-connecté, les Petits Riens documente une partie de la vie d’un individu (et auteur important) de son temps : sa curiosité, son amour de la découverte, ses peurs et ses angoisses aussi. Depuis plus de trente ans, Lewis Trondheim propose une sorte d’autoportrait sincère et honnête servant également de miroir, un peu déformant il est vrai, de nos propres vies. Ce faisant, il rappelle surtout l’importance de savoir s’arrêter et de prendre quelques minutes afin de regarder ce qui nous entoure. Avec un peu de chance ou, au pire, un peu d’imagination, des surprises seront au rendez-vous.

Moyenne des chroniqueurs
6.0