Deux sœurs

À droite, c’est Camille, l’aînée, elle aime les arts, la musique tout particulièrement. À gauche, c’est Lise, la cadette, elle travaille dans la finance et fait de la méditation pour avoir les idées claires. Entre elles, un mur commun qui délimite les parties de la maison mitoyenne qu’elles partagent bon gré mal gré depuis des années. Dire qu’elles s’apprécient serait un peu fort. Disons, qu’elles se tolèrent entre deux chicanes et qu’un semblant de statu quo s’est établi au fil du temps. Celui-ci est bouleversé le jour où elles apprennent que leur propriétaire résilie leurs baux respectifs et met en vente la demeure. Problème, aucune d’elles ne dispose des moyens pour acheter le bâtiment toute seule. Serait-ce enfin l’occasion de se réconcilier ?

Rivalité, jalousie, incompréhension et vieilles rancœurs, Deux sœurs explore tout ce qui fait le sel de la vie de famille. Camille et Lise s’adorent certainement, mais à force de vivre si proches l’une de l’autre, elles n’ont pas réalisé et accepté que les liens qui les unissent étaient si solides. Bon, il y a aussi beaucoup de mauvaise foi qui entre en jeu. Quand personne ne veut perdre la face ou un argument, c’est ce qui arrive. Sans jamais jouer à la psy ou la donneuse de leçon, Isabelle Sivan a tissé un récit finalement tout simple, pétillant et rempli d’inventions formelles astucieuses. Cette originalité dans la construction permet à Bruno Duhamel de se distinguer. Les nombreuses planches décrivant en parallèle les actions et les réflexions des héroïnes s’avèrent formidables de lisibilité et de maîtrise. Ajoutez une écriture d’une grande fraîcheur (les scènes de bisbille sont délicieuses) et un chat médiateur qui passe d’un côté et de l’autre sans se poser de question et vous obtenez une sympathique comédie contemporaine.

Certes, le propos reste léger et les enjeux dramatiques se révèlent des plus succincts. En revanche, en terme de divertissement grand public accessible à tous et agréablement mis en images, Deux sœurs est une réussite. L’équilibre entre humour de situation et moments plus sérieux, en particulier, s’avère très bien dosé.

Moyenne des chroniqueurs
6.0