Utopie (Rodolphe/Griffo) 1. Volume 1

"Ciel bleu et vie rose !" Tel est le credo de l'élite urbaine à laquelle Will Jones appartient. Vivant dans le calme d'une très riche métropole, dans un quartier huppé, il passe sa vie entre le bonheur procuré par sa babe Kiss (une androïde chargée de le détendre dans tous les sens du terme) et son travail à l'académie historique, qui consiste à lisser les témoignages du passé pour les rendre acceptables. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes dirigé par Andy et Carla, jusqu'à que Will découvre un objet interdit que quelqu'un a glissé dans la poche de sa veste restée au vestiaire : un livre.

La dystopie est un genre de l'anticipation particulièrement exigeant en terme de construction narrative. Des grands auteurs s'y sont frottés avec succès, livrant au passage quelques œuvres devenues cultes. Difficile alors de faire mieux ou de faire preuve d'audace pour surprendre un lectorat d'habitués sans le brusquer. L'intrigue d'Utopie semble vouloir éviter de courir ce risque : elle peine à démarrer avant de gagner en efficacité en s'appuyant sur des éléments déjà vus ailleurs. Le scénariste donne l'impression d'avoir mis Orwell, Huxley, Harrisson et Bradbury dans un mixer. Les quelques questions que le bédéphile se pose lors de la lecture n'obtiennent que peu de réponses ou alors, elles sont éludées par des ellipses. Attention, le travail de Rodolphe est loin d'être mauvais. Néanmoins, son récit reste trop collé aux standards de l'anticipation pour être palpitant ou original. Prévue sur trois tomes, ces deux derniers points pourront peut-être apparaître dans la suite.

La partie graphique de Griffo est agréable. Académique dans le design des personnages, le dessin est davantage osé dans tout ce qui concerne l'architecture de la cité utopique des riches et dans l'aspect des véhicules et machines. Côté colorisation, en optant pour des nuances de bleu, l'artiste parvient à générer une ambiance glaçante et aseptisée. L'élément perturbateur, le livre, est lui de couleur rouge, un choix tout et hautement symbolique.

Ce premier tome plante le décor et introduit l'histoire en restant dans les petits souliers du genre de l'anticipation. À réserver aux aficionados des sagas dystopiques.

Moyenne des chroniqueurs
5.0