Kathleen 5. Berlin 61

1961, dans un train, quelque part entre la Côte d’Azur et Bruxelles. Une dame disparaît sans laisser de traces ; seul un violon abandonné témoigne de son passage. Kathleen souhaite retrouver la musicienne qu’elle a brièvement croisée quelques heures plus tôt. Sa quête l'amène à Berlin, où vient d'être érigé le mur de la honte. L'aventurière navigue dans un univers peuplé de gens qui se montrent rarement sous leur véritable jour.

Scénarisé par Patrick Weber, Berlin 61 constitue le cinquième épisode de la série Kathleen. À travers la saga se découvre l'histoire des années 1960 en général et celle de la Belgique en particulier. C'est d’ailleurs surtout la reconstitution de l'époque qui se révèle intéressante. Au premier chef l'atmosphère de la guerre froide et ses tensions géopolitiques. Le projet séduit également par les petits détails, par exemple les trains avec service d'autocouchette, l'Isetta, cette minuscule voiture italienne dont on sort par l'avant ou encore un avion freinant avec l'aide d'un parachute. Bref, le souci du réalisme se veut omniprésent, comme le démontre le dossier de huit pages en fin d'album.

Le canevas est celui d'un roman d'espionnage somme toute traditionnel, avec son lot de coïncidences improbables et d'incroyables coups de chance. Comme c’est fréquemment le cas avec ce type de scénario, il vaut mieux se laisser porter par la narration, sans trop se demander si l'ensemble est bien vraisemblable.

La jeune femme demeure l'archétype de l’héroïne ; elle a un sens moral à toute épreuve, est perspicace, affiche un impressionnant sang-froid et rien ne l'effraie. Jolie et toujours bien mise, elle capitalise sur son intellect plus que sur son charme ou ses aptitudes au combat. Pourquoi le scénariste en a-t-il fait une hôtesse de l’air ? La question se pose. Le bédéphile qui connaît Innovation 67 sait déjà qu’elle deviendra journaliste, une fonction davantage liée à ses activités de détective.

Héritier de la ligne claire, Baudoin Deville sert le propos avec un dessin classique. Les illustrations sont impeccables lorsqu’il reconstitue les décors des capitales belge et allemande. Le trait apparaît toutefois moins convaincant lorsqu'il représente les acteurs ; ces derniers semblent souvent sans émotion, même lorsque leurs visages devraient traduire le trouble ou la peur.

Une bande dessinée conventionnelle, d’une lecture agréable.

Moyenne des chroniqueurs
6.0