Les 5 Terres 12. « La première à mourir »

L a mort de Thori profite au rapprochement entre le Sistre et le Tillandsia. Tandis qu’Alissa est adoubée par ses nouvelles alliées, son frère Tashen se morfond dans le chagrin, indifférent à tout. Alysandra bruisse pourtant d’une rumeur d’importance : une délégation d’Angleon approche. Au palais, l’inquiétude sur les intentions de la reine des félins le dispute à la curiosité : que ressortira-t-il de la rencontre initiée par Keona ? De son côté, Shin Taki ronge son frein ; pris entre la nécessité d’assurer l’ordre et sa soif de justice, il ne peut régler l’affaire de la militaire assassinée. Une ouverture inespérée va l’y aider. Après un long trajet, Kauri parvient enfin dans la capitale, trainant à bout de bras Otsue dévorée par la fièvre.

Tomber vraiment avait laissé les lecteurs sur un cliffhanger des plus alléchants et propre à faire échafauder toutes sortes de théories sur la suite de l’aventure. En scénaristes chevronnés, les membres du trio Lewelyn ménagent leurs effets dans ce douzième tome – et dernier du second cycle.

L’ouverture paraît relativement tranquille, entre une scène muette montrant les murmureuses du Tillandsia à l’œuvre, et les discussions du Sistre en marge du dernier adieu à la pugiliste. Toutefois, une agitation sourde émerge, au diapason de la tension suscitée par l’arrivée imminente d’Astrelia et de ses navires, aussi bien au sommet du pouvoir – montré pleinement à l’œuvre - que dans les rues. Puis, tout s’enchaîne, faisant basculer les trames et précipitant les événements. Les auteurs placent leurs personnages devant des choix cornéliens, sans jamais les épargner. Confiance ou méfiance, prix à payer pour les options prises sont au cœur de cet opus qui rebat les cartes. À cet égard, la confrontation attendue entre les souveraines singe et lionne remplit toutes ses promesses et va même au-delà. Sans divulgâcher l’intrigue, elle rattache avec réussite le wagon au train de la géopolitique des Cinq Terres, ouvrant des perspectives prometteuses pour le cycle suivant. Les autres fils ne sont pas en reste et apportent chacun sa pierre à un édifice solide. Si certains ont une conclusion un peu amère, celle-ci n’en entre pas moins en résonance avec les nombreuses réflexions sous-tendant le récit.

La partition graphique de Jérôme Lereculey, mise en couleurs par Dimitris Martinos, réjouit l’œil. Parfaitement découpée, très lisible et dynamique, elle alterne des cases presque contemplatives, avec des scènes plus animées. Palais, quais, bas quartiers, fleuve et navires sont représentés avec talent et offrent d’explorer encore un peu plus la cité alysandrienne. Les atmosphères créées et la richesse des décors montrent encore une fois la qualité du travail fourni.

La première à mourir clôt avec brio cette deuxième partie des Cinq terres et confirme l’excellente tenue de cette saga.

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Moyenne des chroniqueurs
8.0