Robfox & le voyage du Souvnhir

C omme son nom l’indique dans la langue de Joe Biden, Robfox est un robot et un renard ; le tandem forme une sorte de Goldorak. Tel un chevalier errant, il parcourt les campagnes pour rendre de menus services, moyennant une modeste compensation en espèces sonnantes et trébuchantes. Lorsque le maire de Vertbagne confie au carnassier la mission de se débarrasser d’un souvhnir, il obtempère sans se poser de questions. La créature séduit toutefois avec ses airs de chérubin, et plusieurs cherchent à protéger celle qui semble annoncée par les prophéties.

Dans Robfox & le voyage du Souvhnir, Nicolas Pothier propose une épopée où se mélangent les époques et les genres. Il y a un peu de tout dans cette fable animalière au carrefour du Moyen-Âge et de la modernité, avec un soupçon de science-fiction. Le bédéphile pourrait craindre le pire, mais non, l’ensemble demeure cohérent.

Le scénariste offre au préadolescent un roman d’aventures aux multiples rebondissements. Les parents souriront pour leur part à la lecture des nombreux jeux de mots (en un tour demain, t’en a mis du temps Hubeure, le souvhnir est toujours vivant, etc.). Le ton léger et l’humour absurde plairont certainement au lectorat. Un petit bémol : la créativité lexicale risque de décontenancer les gamins.

Le dessin de Vincent Joubert est magnifique: sa combinaison de contes de fée, de fantastique et de steampunk est particulièrement réussie. Les acteurs ont des bouilles pas possibles et tous jouent juste, ce qui n’est pas toujours évident pour les animaux et les monstres. Les décors se montrent à l’avenant, chaque case est travaillée et regorge de détails. Le trait, tout en rondeurs, apparaît également séduisant. Le tout est enrobé d’une colorisation soignée où des teintes électriques tranchent habilement sur des couleurs terre.

L’album met en place un univers fascinant, doublé d’une riche galerie de personnages. Ce serait un peu triste de s’en tenir à un seul titre. Souhaitons que cet opus trouve son public et que le duo poursuive l’exploration du monde dont il a établi les contours.

Moyenne des chroniqueurs
7.0