Renaissance (Duval/Emem) 6. Les Ouröbörös
E
n quelques siècles à peine, les humains ont dévoré et exploité à outrance leur planète. En 2084, la Terre est alors au bord de l’extinction. C’est ce qui motive la mise en place de l’expédition Renaissance, à l’initiative du Complexe qui en assure le financement. Vingt ans plus tard, la planète bleue a été sauvée et ses habitants semblent désormais vivre en harmonie avec les extraterrestres venus prendre les choses en main. Mais cette tutelle n’est pas du goût de tout le monde et un groupe terroriste, Sui Juris, continue à œuvrer pour restaurer l’indépendance des Terriens. Alors qu’un vaisseau-monde ouröbörös engage un raid, le Complexe se retrouve face à un dilemme : contre-attaquer pour empêcher l’invasion au risque de déclencher une nouvelle guerre stellaire ou se replier et, alors, sacrifier le système solaire et la race humaine…
Arpentant les allées de sa librairie habituelle, le bédéphile se saisit du sixième tome de Renaissance. Il constate alors la présence d’un sticker annonçant le final d’une « série phare de la SF ». Assailli d’attentes, il dévore l’ouvrage (après être passé à la caisse, cela va sans dire). Peut-il alors considérer que sa lecture fut à la hauteur de la promesse annoncée ? La réponse est oui, indéniablement. Car cet ultime épisode, dans la pure lignée des précédents numéros, offre une conclusion admirable.
La partie graphique, d’abord, assurée par Emem (dessin, couleurs) et Fred Blanchard (design) y est pour beaucoup en se mettant parfaitement au service de l’histoire pour en restituer l’atmosphère générale et imager les différents peuples croisés. Les couvertures, évidemment, sont à souligner, le dessinateur ayant délivré une véritable leçon en six actes sur l’art d’attirer le regard (d'ailleurs couronnée par le BDGest'Art 2022 dans la catégorie). Les planches ne sont pas en reste : justes, dynamiques. Vaisseaux, créatures vivant dans les autres systèmes planétaires, végétation : tout a été travaillé soigneusement.
Il n’était, par ailleurs, pas question ici de tomber dans la facilité de révélations fracassantes ou autre bouleversement inattendu. Le récit concocté par Fred Duval (Carmen Mc Callum, Travis, NeoForest, etc.) n’en a pas besoin et est plus fin que cela. Tout au long de la série, le scénariste a proposé de la science-fiction comme les amateurs souhaiteraient, sans doute, en lire plus souvent. Ni ringarde, ni trop « intello », et trouvant le juste dosage entre réflexions pointues et pur divertissement. Une fois l’album refermé, le lecteur a le sentiment d’avoir passé un moment excitant. Mais il a également de quoi cogiter, car c’est dans l’essence même du genre de faire un pas de côté pour interroger le monde tel qu’il est réellement. Bénéficiant des ingrédients des trois premiers tomes, le second cycle a mis en scène une intrigue captivante – à base de complots, de politique et d’expériences interdites – et a davantage versé dans le registre du drame. Poursuivant le jeu entamé précédemment sur le cadre spatio-temporel, il a surtout prolongé cette saga intergalactique… avant de la conclure. Seulement ? Si Les Ouröbörös est bien une fin, les auteurs donnent d’ores et déjà rendez-vous pour un préquel : Apogée.
Après six opus à suivre Hélène, Swänn, Sätie ou encore Pablö, Renaissance a délivré une conclusion à la hauteur de ses ambitions. Que dire ? Sinon, simplement : merci.
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7.5