Visages - Ceux que nous sommes 3. Vers la fontaine ardente

J uin 1940. À Vitry-le-François, une escouade de l'armée française est attaquée par des snipers. Seul survivant, Kerbraz décide de traquer ses ennemis dans l'église. Il tombe nez-à-nez sur eux. Stupeur, l'un d'eux est son fils Georg. Une fois la surprise passée et la tension redescendue, ils parviennent à discuter. Deux ans plus tard, le soldat français tient un cabaret à Paris, qui lui sert de couverture pour poursuivre le combat. Georg, quant à lui, parcourt l'Europe de l'Est à la recherche de sa mère...

Dans ce tome, l'histoire gagne en profondeur, tout en accélérant le rythme de sa narration. Grâce aux ellipses, les scénaristes entraînent les lecteurs dans une course folle à la recherche de Lieselotte, tout en symbolisant également l’accélération du conflit mondial, tel un torrent dévastateur qui pousse et bouscule les différents personnages. Les destins s'entrecroisent, dans le cadre de plusieurs évènements comme la Rafle du Vél d'Hiv, le front russe ou encore la bataille de Stalingrad, tous représentés avec précision par Aurélien Morinière. Ainsi, dans Vers la fontaine ardente, des personnages secondaires reviennent pour densifier l'intrigue. C'est le cas de Peter Bailly, le cousin de Lieselotte, qui est arrêté après avoir été dénoncé dans son village alsacien à la fin du tome 2. À travers lui, Nathalie Ponsard-Gutknecht et Miceal Beausang-O'Griafa évoquent le sort tragique des "malgré-nous". La richesse des thèmes traités force le respect, en fournissant assez d'informations pour que le bédéphile suive l'intrigue, sans que celle-ci bascule dans le documentaire. Visages est une histoire de destins et de vie brisées, inspirée par l'environnement familial des scénaristes. Tous deux signent également le dossier présenté en fin de volume qui revient sur les évènements ayant servi de cadre à leur histoire, tel le "Belfast Blitz" de 1941 en Irlande. Ces pages méritent d'être lues, car elles sont riches en informations sans être rébarbatives.

Le dessinateur use de belles astucieuses compositions pour ses planches pour évoquer les découverte des camps d'extermination par la journaliste berlinoise et la violence de l'Armée rouge. Le choix des couleurs, plus sombres que précédemment, s'adapte à l'ambiance des événements.

Ce troisième tome de Visages, ceux que nous sommes, aussi prenant que passionnant, bénéficie d'un scénario palpitant et solide, digne des plus grandes sagas historiques, et est qui plus est agréablement mis en images.

Moyenne des chroniqueurs
8.0